L'EAU ET LE FEU ...
ÎLE DE CORSE
Deux des Cinq éléments qui fondent la Terre, qui ont permis à la Vie d'éclore et qui à terme peuvent se retourner contre Elle !
En ces lieux encore déserts - pour longtemps, faut-il le souhaiter et agir en conséquence - la longue houle de Sud-Est vient battre la roche et lécher le rivage. Elle s'élance vers le maquis et lui impose avec magnificence ses limites, ses fougues libres et passionnées ; les arbustes se sont effacés, humbles. La terre qui s'élève et conquiert les cieux ne s'affranchit-elle pas aussi de la mer en d'ineffables beautés ?
Les Éléments ont toujours décliné et composé ensemble l'harmonie, l'équilibre, les changements de reliefs, leurs splendeurs, pour nous offrir de divines alchimies cosmiques, ce que nous entendons ici-bas par Nature...
Le feu ravageur et criminel est passé par là et les rejets de l'arbousier ont repoussé au milieu de souvenirs grisâtres, calcinés. Les Genévriers ne sont plus que des évocations immémorées de fraîcheurs et de baies parfumées. Les collines grisonnent, commandent à la végétation et aux saisons qui passent un ultimatum humain et des scénarios de fin de vie montés de toutes pièces par nos élites et décideurs en col blanc.
Un jour, l'argent aura surement raison de nos origines !
Seules les vagues restent altières ; elles reviennent inlassablement à la côte, fidèles, scander le pouls de la mer et des abysses. Le silence est profond, il s'ennoblit de l'unissonance et de l'euphonie des flots.
le Sciroccu fou de la nuit s'est essoufflé, laissant la renverse embellir et coiffer peu à peu la crête des vagues dans un ciel voilé.
Au coucher du soleil, tous les rochers porphyroïdes s'embraseront des rougeurs du feu céleste, tombées dans un tumulte de vapeurs rafraîchissantes ...
La nature ne dicte pas ses limites, elle les dessine à la frontière des songes, d'où s'envolent tant d'invitations aux voyages, aux plaisirs aquatiques.
Elles, les vagues, ne ressemblent pas aux murs honteux, ni aux barbelés agressifs de la possession, ni aux prisons qui lacèrent, entravent le monde là où se débattent nos existences passagères...
La nature s'est réellement imposée l'homme pour châtiment comme le déclarait avec clairvoyance Pablo Neruda ;
mais je vois aussi dans chaque vague déferlée toutes les larmes réunies d'un univers de souffrances parvenues aux termes de la pauvreté
L'onde de terreur qui nous arrive des contrées oubliées, de l'enfance, de la guerre et des solitudes fragiles de la candeur et de la vieillesse.
A la nuit tombée, le mugissement des vagues retentit dans le lointain. Ce n 'est pas le feu des canons tirés des rives de la bêtise...
C'est la Mer qui noie les misères du Monde !
Photos: M56, Canon - 100/3OO- Argentique
Au Zoom Maxi, on est encore très loin, le Swell est imposant !
Par moments, l 'orbe de la vague se fait regard profond
La vague est partout, massive,véloce, odorante
Une mer d'écume se couche sur la dune, la colline se fige,
La roche et le bois brûlé ignore le souffle du vent.
L'onde demeure, le maquis s'est hérissé , spectre de l'homme honteux.
La renverse s'annonce, il n'y aura plus assez de photos pour évoquer nos rêves d'Orient !
Photos et textes, Marin pour Corsica...go56, voir plus de photos de la Côte Orientale dans l'Album " les Vagues du Levant "....
En attendant la saison des Vents Marins aux pluies rouges et ensanglantées du désert des hommes !