L' ETE INDIEN AU BORD DE LA MER, ...
" ISULA IDEA "
Pour reprendre le titre d'une Poésie magnifique de Ghjacumu Fusina, merveilleusement interprêtée par Petru Guelfucci.
Le Genévrier, espèce maritime menacée - feu, coupe sauvage, érosion, arrachage vers plus de constructions littorales etc ..... )
26 ° C en bord de mer ! C'est inattendu pour un mois d'Octobre; on évoque l'été indien, épisodes météorologiques qui peuvent intervenir en hiver , on parlera alors du redoux...
Voir à ce sujet le lien ci dessous
!
http://www.rabaska.com/super/chroniques/
2001/10/ete_des_indiens_go.htm
En Corse, les rivages sont inhabituels, changeants, étranges. Ils témoignent de la présence de la mer mais plus encore, semblent exaucer les vœux des tempêtes, louer le silence et la beauté sans apparats ! Chaque manifestation de la Nature a ici sa place depuis l'éternité, persiste en se métamorphosant, conférant à l'homme de passage plus de fragilité, d'insignifiance ou d'humilité ...
Je marche, j'écoute les pas de mon cœur. les rochers sifflent, hululent, grondent et rugissent...Entre la lumière primitive, le murmure de l'eau et le silence minéral, je voyage entre les siècles !
Aux pieds des colosses de Granit, d'un inépuisable bestiaire pétré, au bord des anses aux teintes d'émeraude et de jade, la roche érodée, lissée, foulée est une abstraction, un rêve narré, l'étoffe des années gravant le rituel du temps et l' harmonie des éléments...
Le vent creuse, perce la pierre en tournoyant comme l'eau du torrent dans la marmite ; les siècles sont ses artisans ; l'eau se complaît, compose, fidèle muse des bourrasques et des révolins ...
Il a aussi ployé les arbres, les repoussant vers la terre où ils sont nés ! On dit ; Anémomorphose !
Quant à l'homme, il défait et explose ce dédale incommensurable de créations et de joyaux ; seul le Sculpteur, l'Artiste, peut se réclamer de l'absolu, de l'esprit de la nature qui s'étend en ces lieux aujourd'hui juste préservés.
Les rochers s'élèvent, ouvrent des gueules hallucinantes. La mer les a magnifiés, dénudés et polis ; la roche suinte comme elle fond lentement avant de se figer, d'arborer d'ineffables figures, des postures, de cruelles mimiques : le temps s'arrête, voici l'instant fugace d'une pantomime naturelle imaginant entre ondes et figements la naissance du monde !
Le soleil d'automne en ranime les sujets, dès le matin, au zénith, à la faveur des ombres, puis les confond par tous les jeux de scènes en de surprenantes mouvances.
Et quand vient le soir, le porphyre mordoré des granits se découpent, acéré et ronds à la fois sur le bleu de l'azur et de la mer.
La forteresse minérale semble veiller la terre, la protèger, brisant les lames du large sur des remparts affolants et redoutés des marins. Elle seule fend et défait les vagues.
L'air est doux, empli d'iode. A terre, le maquis ose une floraison timide et tardive avant les frimas de l'hiver.
L'eau de mer cristalline et minérale attarde mon regard dans une grotte aux mille. Ces reflets me berce d'illusions. Je sens monter en moi un flux de poésies, la prose fluide au seuil d'une peinture !
Ainsi va en esprit le vagabond au gré des chemins ocreux et lumineux, des chemins soulignés que l'érosion et les pluies ont écrits généreusement. J'en oublie ces lémures pétrifiés meublant un passé toujours saisissant.
Abstractions minérales, cathédrales de rochers qui s'élancent vers le ciel, visages de la terre face à la mer, expressions oniriques du chaos, suggestions fantasmagoriques, cet univers est propice aux allégories, à toutes les métaphores. Comme de vagues clochers, il délivre, il déchaîne le chant tutélaire des Muses, la lyre des poètes. C'est le temps sans âge prônant la révolte insoumise des éléments... Il affranchit la pensée de ses tourments. Du monde des hommes, hélas, il n'en retient que ses irréversibles blessures.
Sachons nous réconcilier avec la Nature, en retenir les originelles puretés, d'inégalables créations, de grandioses beautés qu'il faut choyer, comme la vie, tout simplement ...
2 ème Ecriture le 08.02.2014
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