TRAMUNTANA , BORA, TRISTEZZA ...!
Îles - Ecueils Gavetti - Sud de Corse - Combo NNE / SE - Coup de vent de secteur NNE
Le froid est intense et le vent cingle à plus de 40 Nœuds... Du nid de ma solitude, je contemple la mer et je crains la tempête qui tire et pousse au large. En contrebas, l'homme a balafré les collines avec du papier argent, il les a pliées, déchirées en méprisant la souveraine création, le temps et le regard de la terre aux vagues infinies qui lui sont aura perpétuelle...
Je pose l'objectif de ma petite caméra vers Le récif ; l'atoll me parait si près ; immense tapis de mousse et d'écume que le vent carde comme un écheveau de laine. J'ai froid, une envie irrésistible me pousse à me livrer aux flots et aux vagues tandis qu'en mon for intérieur, je demeure immobile, faible et vulnérable, saisi de tremblements, en proie à d'inutiles questionnements, à de dérisoires accès de conscience.
L'heure et le jour ne seront pas au partage, à l'euphorie. Le soleil et les ciels translucides me manquent. L'eau bourbeuse a gagné les hauts fonds depuis le sablon qui me sert d'habitude de petit port et de couloir sécurisé menant vers le large. Ce tableau éteint, chaotique, me rappelle ces estuaires et leurs barres que j'ai connus et sillonnés en Asie, en Afrique Noire ou ces eaux limoneuses que déversent les Oueds du Maroc dans l'océan de mon enfance, agrandissant l'erg de mes futures et vieilles années.
Je sais que la Tramuntana s'installe pour plusieurs jours, surtout quand elle est accompagnée dans le Nord de l'Île d'une puissante BORA... Il neige sur le monde que la misère, la guerre enténèbrent ... Pas un oiseau marin ne se risque.
Je serai là demain ou un autre jour, qu'importe, toujours ou jamais plus ! Mais seul ... Les souvenirs voguent, s'entent aux lames promptes à oublier, à cacher, à ôter la vie. L'existence, telle une ellipse, quelques révolutions de la terre autour du soleil, appareille comme un vaisseau. D'entre la joie, l'oubli, la désespérance, le chagrin, que de fortunes de mer !
Chaque vague en est comme le dépositaire. Qui les entend, en perçoit les messages, les silences ? Tout un chacun migre au milieu de la foule, de la multitude que les rues et les artères encombrées des villes charrient à la semblance des torrents fous ... Il est des jours où toutes le grand bleu, la clarté, le thrène des arbres meurent de faim, de soif, pris dans le lit des vents aveugles et glacés, indifférents. Du pèlerinage exigu et si bref de l'existence ; de passage, de l'intranquillité dont je ne peux me déprendre
- MARIN -
Catégorie du Site
" CONFESSION " - " MARIN A TERRE "
Le 20 Mai 2023
2 Ecriture le 17.08.2011