TRES GROS COUP DE TEMPS...
Cap Grand Sud
Les anciens de la Marine à voile, aux longs cours, dénommaient ainsi les fortes conditions de navigation, ces fameux " Coups de temps " !
Voici un cliché numérique, panoramique, réalisé de très loin avec un rapprochement X 12, optique - Cliché ici-bas - l'image n'est pas floue, nous sommes le matin, la tempête d' WSW a fait rage toute la nuit et le jour embrumé d'embruns évoque les humeurs de la mer.
COUP DE TEMPS
Hier, c'était une prairie cérulée, immense et paisible. Dans le jour enténébré des grains, elle s'arc-boute et se déforme à perte de vue ... Elle s'élève, méconnaissable, inspirant la crainte et balayant l'inconnu. La clémence des des jours d'été n'est qu'un vague souvenir. Les éléments meurtriers que la tempête déchaîne volent au-dessus des hauts-fonds, entre les pointes rocheuses et les écueils bistrés.
Le coup de temps dure, soudain et brutal, avec ces regains de tristesse venus de tous les horizons blessés que l'existence assombrit aux seuils, aux cieux cruels des fatalités .
Les vagues sont terrifiantes, elles s'étirent et noient la limite des flots, se hissent aux nuages, dans ce regard obscur de Novembre, puis s'écroulent sauvagement au gré des fonds mystérieux et glauques de la mer, dans un tumulte assourdissant.
A la Côte, le labyrinthe des lames interdit le voyage... Au large, elles cadencent leur fin de vie sur de majestueuses collines d'eau vertes ; sapins moirés de neige écumante !
Vers le grand Cap, au Sud, la mer est fumante ; elle refuse au marin resté à terre, humble et silencieux, toutes velléités d'évasion et le laisse là, prostré à ses songes lointains, libre de voguer... Comme une âme, l'elfe doux qui caresse la mer, il s'évade. Des déferlantes solitaires signent la limite du réel - les marins les ont appelées vagues scélérates- elles dissuadent l'intrus, gardant jalousement les splendeurs d'un univers rebelle, indompté, insoumis.
Ô solitudes promises à l'élu, aux divinités de la mer !
Naviguer en ces lieux, c'est peut-être côtoyer le grand large, tutoyer l'infini, s'approcher du destin, si près de la nuit, de la renaissance... Être un oiseau, l'élu du bon Dieu !
Que l'homme est petit, comme il est vulnérable, debout sur son esquif vélivole ! Entre les deux dimensions cachées du passé et du futur qui le fondent à chaque instant. Il glisse entre l'onde qui déferle, qui assouvit sa puissance et cette étrange pulsation qui le suit, à naître, désir emmené l'espace d'un rêve dans l'étau immédiat de l'éternité
!
A PUNTA MAIORI / TESTA VINTILEGNA