LES ESTIVALES DU CAP CORSE...
Voici quelques pensées en couleurs et parfumées qui nous viennent du Cap Corse - CAPICORSU - de ces fleuraisons abondantes écloses à la source tarie et ocreuse d'un été brûlant, aux cieux des vents acres et de poussières. Le souffle est au Sud, U Sciroccu donne, il remonte des pauvretés nichées au soleil, sec et sans nuages, apportant avec lui ces langueurs de Simoun, des bouffées de Chergui, l'âme du Sahel...
La vallée de l' Ortulu est en ce moment dévastée par les flammes, l'Alta Rocca s'embrase vers Auddè, le feu blesse mortellement la vie en Toscane, en Provence, en Sardaigne, sous des températures que la modernité et ses congés précipitent en canicules hallucinantes !
Je suis loin, je marche au fil bleu d'une eau encore fraîche ; je reste sans ressources, démuni et triste, béant aux splendeurs de la nature encore prodigue, dépouillée de l'été, indispensable à l'automne qui tarde à revenir !
Les dunes s'étirent, entrecoupées de roches métamorphiques et de schistes bleus, le soleil est mordant, la glèbe ridée ; le chardon reflète mille soleils, le Lys et le Pavot des sables attendrissent sous Juillet nos regards étonnés, perplexes. Comment le végétal étanche-t-il ses soifs, comble -t-il la floraison en ces lieux abandonnés du ciel, reculant les limites de la terre tourmentée du Cap au matin du monde ?
J'erre entre l'Archipel Finuchjarola et la Réserve de Capandula dans la Pointe du Cap Corse, j'épuise en œillades attardées la mémoire réduite de cette boîte à images pour de pâles copies... Je sais que chaque miracle imprègne les circonvolutions de ma curiosité, interpellée çà et là, jusque sur ce sol encore parsemé de printemps. L'herbe est rase, si tendre, elle recouvre les rivages lacustres, à la rencontre du sel et des douceurs ouatées, où les premiers hommes de l'Île vivaient la plénitude et l'étonnement au balcon de chaque jour !
Aujourd'hui, de l'aube à la nuit, entre lune et soleil, un jardin désolé, blessé grave ses solitudes arides sur l'argile craquelée. J'embrasse à perte de vue les tables convulsionnées de la loi d'un prédateur au temps pressé et que l'argent aveugle, laissant la terre exsangue et fissurée.
Le vieux chemin évoque les vendanges et le pampre antique, les cépages aux arômes mariés à chaque pied de vigne séculaire ; le vin ne sera plus tiré des coteaux. Les collines et les vallons s'enfuient vers le Ponant et la mer de Ligurie. Les moulins, amputés des ailes du vent ne brassent plus les chaleurs habituelles de l'été, les monts du Cap les déchaînent dans les vallées, elles s'affolent, condamnées par des habitants qui exaspèrent tout un monde le temps d'un bref passage