Le Midi de la France accumule les jours de Mistral. L'Île de Corse décline avec contrastes et lumières le Grecale et la Tramuntana, ces vents régionaux et spécifiques de chaque pays bordant la Grande Bleue, à l'Ouest du Bassin Méditerranéen.
L'automne s'annonce. Le vent fraîchit puis s'assombrit, rehaussant étrangement les rousseurs de la terre. Les Destinations pour s'adonner aux pratiques nautiques extrêmes fleurissent.
Aujourd'hui, je choisis l'Atoll sous-marin insulaire, une offrande marine du Grand Sud de l'Île de Corse, méconnue, redoutée.
Le pied droit fortement maintenu, sévèrement blessé, les sangles ( footstraps ) bien relâchées, de sérieux élancements dans la jambe droite qui augurent d'une fracture, des massages fréquents au Camphre et à l'Arnica ne m'ôteront pas la douleur lancinante que je ressens à chaque virages et virements de bord d'une navigation solitaire, oubliée, que la mer enfouira une fois de plus dans ses obscures profondeurs ...
Mais la mer sait aussi être bonne et magnanime.
Avant de la rejoindre, de m'élancer, je scrute le large. Le Ciel vient de lever les rideaux de l'une ses grandes scènes marines automnales. Les grains règnent en mer, délimitent mon aire de futurs ébats, décident de mes probables dérades. Il me faut naviguer entre les bascules et les sautes de vent. J'apprécie le chant des rafales et des bourrasques qui hululent dans mon casque.
Une voile 4.3 m2 de surface et un flotteur de vagues de 72 Litres font l'affaire. J'étale sans difficultés les pointes de vent sous grains qui balayent la surface des flots à plus de 30 Nœuds.
Vers l'atoll, au-dessus du vaste plateau rocheux, le vent souffle de la mer et s'établit avec régularité. La nature des fonds clairs décident. En ce jour de houles croisées, ils m'octroient tous les secs et les hauts-fonds propices à l'émergence de vagues sublimes ; il n'y aucun risque de toucher les rochers. Les vagues sont avenantes, précises et rapides. Je vais librement, glissant sur des pentes lisses et nerveuses. Par le travers des lames, je perçois l'ombre des dalles rocheuses.
Quelques oiseaux planent au ras des crêtes lumineuses. Ils s'enivrent, semblent fascinés par le regard fugace des vagues. Un ballet que le ciel orchestre sous les nuages, avec le soleil.
Du large, la vue est éblouissante. La tempête de Mistral a suspendu au-dessus du Massif Corse une multitude de Strato-cumulus blancs, polis comme des névés, noyés dans un azur lapis-lazuli.
Le rivage ocre et la mer iroise tranchent crûment sur l'étoffe grise et enténébrée des grains, le satin argenté des flots. Levant et Ponant rivalisent de beautés et de colères, se partagent les sublimités des deux versants de la grande montagne tombée dans la mer !
Le spectacle est saisissant, magnifique !
Un frêle esquif entonne sur l'horizon houleux et tourmenté comme un air de liberté. Il eût manqué à l'appel des seigneurs du ciel et de la mer. Vagues et vents étaient au rendez-vous. Ensemble, nous avons dansé tout en accordant le " Compas " d'une " Soléa " Océane
!
2 ème Écriture le 4.09.2011
3 ème Écriture le 78.23.6654