GARANCE...
Il est des jours couleur de fruits doux et parfumés, aux senteurs lointaines des primeurs océanes, des soirs d'automne. Il est des cieux de discordes à l'âme tranchante de l'adieu, violents et tourmentés. Je les entends clamer l'hiver redouté, annoncer le gros temps, marteler le cœur de l'espérance, annoncer d'autres solitudes. Impérissables et meurtrières beautés.
Dans les clémences alanguies d'Octobre et du couchant, le soleil encense la terre, étale la mer sous un ciel louangeur ; le vent vient de se calmer. Et sur la grève en sursis, où s'érode l'arène mélodieuse des roches, repose un souvenir insolite, étrange.
Un esquif, moitié vaisseau, moitié oiseau conte le temps de l'évasion, le retour languissant aux sources qui trace dans l'azur un profil d'aile frémissante glissant vers le mirage des anges. Ils reviennent du passé, gonflés d'amertume, aux liens brisés d'avoir trop étreint les vagues bleues, au-delà des horizons connus.
La cathédrale de nuages arbore des élans de nef, de voûte céleste ; merveilleux dais que la foi enflamme. L'univers et la terre sont bleus comme une orange dont je caresse la peau, la tendre écorce ; c'est ici que je découvre et contemple les féeries de l'être au temps céleste bordé des nues, souhaitant parfois ne plus m'appartenir, me quitter tout simplement. J'en oublie ce cœur qui bat malgré moi et qui me relie à la vie, à la pulsation qui m'emporte et qui m'emmène au lever du jour... Au coeur des flots, je refuse le diktat de ces inhumanités assénées, bafouées. Je crains de fouler le sable, de heurter à nouveau le sol dur et sanglant du monde... Et pourtant !
Le ciel, le soleil fluent tels les flots garance de la forge, la lave incandescente des volcans aux pentes devenues fertiles. Ils marient le pampre mûr aux nuages éployés, les pensées à l'azur ivre d'étoiles, au firmament. L'exaltation du jour côtoie l'obscurité naissante. L'aube inonde la mer de nuances émaillées. On y devine la liesse des gens de mer sur le départ
Sempiternels ravissements où durée, nuit claire et obscure, perpétuelle efflorescence, réconciliez à jamais
la vie et la mort, l'orage et l'éclaircie, la tempête et la brise ! Puissent les bontés du temps animer, peupler une dernière fois, indissolublement, le silence de l'immensurable psyché.
A ces mots, à ce penser hermétique pour tout ce qui fut d'étreintes, de mots révélés, de maux noyés et de vagues promesses, que je renaisse à toujours !
Le soleil ensemence les rivières pourpres de brumes. Une île sertie de songes se consacre à la renaissance des jours, aux nuits de l'amour.
Il est une présence, un sourire, un regard profond que la mer met en abyme. A ces lendemains nouveaux que j'attends comme une autre vie
!
- MARIN -
2 ème Écriture le 26 Juin 2020 / En cours
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