LE GRAND SUD...
Les dernières Pointes exposées au large et les Caps oubliés avant le Détroit bornent le décor terrestre d'un pays où les limites se déchirent, se rompent à l'épreuve du Temps et des vagues... On dirait même que les histoires s'incrustent dans les Bouches de craie fantomatiques. On entend gémir les rochers percés, les alvéoles et les cavernes lancent de longues plaintes par grands vents, entrecoupées des coups de boutoirs de la forte houle!
Pourtant, ces deux Îles s'étreignent avant le mauvais temps tant les clartés du ciel les rapprochent. Puis elles s'éloignent avec les bourrasques et les embruns de la tempête. Entre deux vaisseaux, rugissent les sommets et les vallons mouvants de la mer en furie.
La mer, une Île, que dessinent le long vol des goélands, des Puffins et des oiseaux migrateurs !
Ses longues houles, ses vagues abruptes et massives gonflant les golfes et les baies, comme s'ils contenaient de part et d'autre toute la force libérée de la Grande Bleue. Immense barrage ou goulet infernal qui contraignent, qui affolent et précipitent les vents et la marée d'ouragan...
Tant de navires depuis l'Antiquité ont payé le lourd tribut des marins intrépides. Cet endroit est propice aux phénomènes les plus inattendus, angoissants, voir insolites. On y relève par endroit des tailles déraisonnables de vagues et au large, il n'est pas rare de voir s'abattre, déferler des colosses d'eau sur plusieurs dizaines de mètres de front, de largeur. Puis d'un seul coup, une infime partie de cette énergie oblique, vient à la côte, change de Cap, interpellée par les Fonds ou quelques cimes sous-marines. Et là, ils s'écrasent et roulent dans un tonnerre d'écume assourdissant, odorant, de toutes les couleurs de l'eau qui nous content l'autre voie lactée. Auraient-elles choisi leur destination pour mourir et renaître en beautés!
Magie d'une Île, vastité de la mer que les vents mythiques balaient sans y rencontrer le moindre obstacle. Après une traversée, ivres de bleu, ils se lèvent et saluent le Grand Sud avec encore plus de vigueur, cette éternelle jeunesse jaillissant de leur indéfectible fidélité aux saisons. Féerie d'une Île se parant de mille visages aux rivages fardés des coups de vents.
La solitude vient à point nommé, aux seuils désolés de l'hiver y dresser, y sculpter aussi la majesté des vagues, déformer le spectre de l'horizon. Devant un tel spectacle que l'arc-en-ciel enchâsse, on se sent parfois au grand matin du monde, possédant un joyau inestimable : la Liberté, cette liberté partagée avec le vol pur des oiseaux et la course effrénée, toujours recommencée des lames de verre, au diapason de la respiration de la terre et du souffle vital des eaux ...
2 ème Ecriture le 28.01.2012