CAP SUR " A SANTA " FENU DI BUNIFAZIU
Nous sommes ici vers l'anse de San Ghjuvanni. Le vent d'Ouest a fraîchi sans donner de Houle, ou si peu! L'horizon s'est éclairci ; l'autre rive semble toute proche et pourtant sept milles nautiques me séparent de cet amer situé dans le Sud - Est.
Une côte redoutable les jours de gros temps. Un cap à tenir au vent de tous les dangers. La route est parsemée de terribles creux, de vagues solitaires ; c'est pour cela qu'il faut obliquer tribord amure et remonter au SW afin de laisser très au large cette portion de rivages acérés, croiser bien au vent et, en cas de fortune de mer, tenter l'ultime réchappe vers le Détroit, entre Corse et Sardaigne...
Aujourd'hui, en cette fin d'après-midi d'été, la tentation est grande, l'invite sans détour. C'est décidé, je voguerai au large, dévalant la mer du vent sur un bord très arrivé pour rejoindre les tombants accores de " A Santa ". A " Santa " est le nom que nous lui avions donné, mon fils et moi-même, en ce temps où nous partagions encore la Mer !
Je sais que je ne trouverai pas de vagues ! Les conditions n'y sont pas favorables ; qu'importe...! engagé dans les Bouches de Bonifazziu, je contemplerai les escarpements et les abrupts de calcaire aveuglants, ces verticales minérales chutant avec le soleil dans le bleu intense de la mer.
4.7 m2 pour voile et un flotteur de 78 Litres feront l'affaire. Un Harnais - Jacket, une pochette avec de quoi " survivre " un moment, changer d'embase en cas de rupture ... Je fais confiance au reste, après d'ultimes et d'incontournables vérifications : renforts improvisés, resserrage des vis, ajustage des ailerons, bouts assurés, etc ... Je bois beaucoup, par petites doses, le temps de la préparation et me restaure convenablement.
Vient le moment de m'élancer, point rouge imperceptible osant une modeste traversée. Mais les jours de fortes vagues et de coup de vent, voilà une aventure qui relève de l'Extrême, de l'abnégation insensée.
Vous dirai-je pourquoi
?
Une Promesse, un rendez-vous jusqu'ici manqués
Là-bas, le vent hurle, les rochers crient, la mer est fumante et les frimas de janvier viennent en renfort avec les longues houles qui accourent depuis le détroit de Gibraltar. Le site est plus que sauvage ; il est austère, n'appartient qu'à la seule nature qui le protège et le pare des plus belles ellipses, éphémères, insaisissables, intouchables lorsqu'elles se livrent à la roche mordorée. Parures, joyaux de cristal, émeraude, voici " SANTA " ou l'apothéose Tyrrhénienne
2 ème Ecriture le 2.09.2011
3 èeme Ecriture le 30.07.2015