PARTIR !!! L'AILE LIBRE ...
Je regagnai les flots et trouvai enfin l'ove laiteux de la mer dans les divines clartés des vagues. Le charme et le mouvement lumineux des cieux emplissaient tout à coup l'existence, embrassant et liant en un seul regard les deux rives de l'éternité
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Une Île bordée de ciels, des cieux que les rivages dessinent et esquissent comme des yeux, les paupières fardées de l'eau en ses galbes cillant aux caresses du soleil et des nimbes... La mer partout, qui s'enfuit à l'infini vers tous les lointains, ces horizons impalpables, inaccessibles et déroutants ! Une Île pour bercer l'astre du jour qui s'élève et dérive d'une côte à l'autre, de l'aurore au lueurs vespérales louangeuses et vermeilles du Ponant.
Délires, folies de l'attente, instances fébriles que les lames attisent et dépassent, voici les incessantes invites de l'azur et de toutes ses transparences. Il n'est que les effluves vernales du maquis pour entrevoir et recouvrer la vie et le jour, déraisonnables et tout autant impudiques ...
Partir, oui partir pour dévaler un instant l'être sans chuter ; oser, éclairer enfin quelques destinées avec pour seules compagnes l'allégresse et la solitude ! ou bien et tout simplement deviner, risquer l'amour, l'absolu, le pari fou...
Et je goûterai à la source des illusions océanes l'ambroisie des dieux ou l'absinthe des fées aux confins cachés du jeux, de l'émoi, de l'espace, de la violence, de la faim, de la soif, avec les filles de Nérée, le souffle vital d'Eole, la force indomptable de Neptune ! Le temps pour partir !
Une Île si douce, hérissée de caps vertigineux, empreinte sculpturale des vents, promesses antiques d'aventure et d'évasion ! On y côtoie paraît-il des âmes en partance, le souffle des mânes, le linceul impérissable du souvenir, la mémoire brumeuse des voiles et du silence, ces confidents de toujours auprès desquels on se livre, l'on s'abandonne un moment à la cécité et aux énigmes d'un Ciel ressuscité, à l'espérance, mais avec ce soupçon imprescriptible et indicible de sagesse inavouée, effleurée !
Partir, c'est vibrer dès les premiers frissons d'une rencontre, au seuil de quelques brins de conscience éprouvée... Vibrer à l'éclosion profonde et secrète du désir pour aller cueillir un fruit vague, l'autre enfin révélé, fugace et lumineux. Je sais que les rivages chaotiques de l'absence, ses écueils à la dérive, en ravivent profondément le souvenir à chaque blessure de la mer lacérée de vains sillages.
S'enfuir, mais on se sait où si ce n'est vers cette limite frôlée, bravée de la mort, ce refus du retour pour noyer en une seule bordée les sillons stériles de la durée passée sur la terre recouverte de béton, repue d'asphalte et de frénétiques mensonges...
Je pars là où je m'abreuve enfin d'eau vive et cristalline, et je n'ai d'horizons que la vague ou la dune qui me ravissent un moment. Je suis un poisson volant, passager volontaire, clandestin d'un hypothtique voyage dans le monde du silence où il n'est besoin d'aucun langage pour clamer le chant général de l'amour et l'ode au Royaume des Cieux vierges et éternels.
Partir et coudoyer l'avidité féconde des sens, cet appel indicible du regret qui fonde l'improbable et merveilleuse souvenance lovée au coeur des racines, du premier amour, et qui nourrit le coeur d'esprit...!
Je levais alors un essaim d'oiseaux dans la prairie d'écume qui feignait l'azur séraphique. Le ciel et la mer étaient si bleus et tavelés d'ouate qu'ils se mêlaient aux cimes enneigées ! Il me semblait flotter vers une lumière sans déclin, entre deux univers que les vents liaient, nouant partout leurs gerbes d'embruns et de nuages. Si près d'un oasis de vie dansait le mirage symphonique de toutes les terres promises et de la paix des anges
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MARIN
2 ème Ecriture le 15.08.2011
3 ème Ecriture le 11.04.2012
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