NAVIGUER, AU-DELA !!!
J'aurai traversé, habité un instant la mémoire du vent, à bord des flots, entre deux ciels
!
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Une planche courbe et si courte munie d'une voile, d'une aile ; un voilier ... Comme un trait d'union : la mer - le vent ! Une Traversée Transocéanique ou bien l'audace insensée que le Wind - Surfer engage au coeur d'une violente tempête, à vivre à l'entour des brisants, seul, au commencement des mondes, en marchant sur l'azur, léger et fluide comme la brise, la bise !...
Le navigateur solitaire s'en remet à son bateau, à une somme colossale de compétences tirant vers le même but. Maints savoirs et compétences i lui permettront d'affronter la haute mer, ses pièges, la distance, l'ouragan et les calmes tropicaux, la précision de sa route, de nuit.
Quant à l'esquif véli - vole qui croise au vent des côtes !
Quant à " l'infiniment grand "qui ramène à de justes proportions le prix de la vie, de l'existence, l'être infinitésimal.
Un jour, quelques heures arrachées au néant, à l'absolu, à l'extrême, il n' y a qu'un pas, qu'un mot qui vaille : abnégation ! La distance le sépare de la course au large, certes ! Mais sans en différencier l'intensité ou minimiser la nature même de l'épreuve littorale momentanée que la clarté circonscrit. S'agit - il d'une épreuve
?
Je suis mât, bôme, haubans, écoutes, safran ou gouvernail, instruments de bord ... Lancé au ras des crêtes fumantes, au bas des ondes tonnantes, au sommet des vagues sur le point de déferler, emporté dans les airs, je m'approprie l'étendue ou du moins, m'y risque et me donne sans concessions. Et lorsqu'il me faut tracer plus au large, appuyer un long bord de près, frôler les écueils et les hauts-fonds pour gagner un terrain d'aventure sublime, la navigation dans le fort coup de vent se vêt des atours et des parfums du grand large. Rien ne saurait être plus exaltant que le bord abattu lancé à grande vitesse dans le creux de l'onde de tempête et de profondeur ; et il en est de même du monocoque, du trimaran glissant en dévalant les lames dans ses geysers d'écume et d'embruns que parfois l'oiseau marin accompagne. Délires, ivresse unitive du grand bleu.
La mer est là, partout, qui expire et dérive au gré des vents et des bourrasques, vers l'évent littoral ceignant une terre hyacinthe. Qu'il soit à bord, équipier à la tâche des commandes du voilier ou tout simplement solitaire emporté par la tempête au-delà de la raison sur une si petite planche, si près de la survie, les aventuriers des vastités azurées sont du même sillage, barreurs à la merci des ciels voguant au-dessus des abysses ... Ils parcheminent comme ils étirent indéfiniment l'instant issu de l'action et du rapport aux mondes !
La mer ne fait pas de différence entre le navire et l'esquif et rien dans la démesure, fût-elle grande, ne pourrait rivaliser avec sa puissance, l'aura des éléments qui l'animent. Elle consacre et détermine " l'infiniment petit " !
Mais il est aussi une autre vision de l'aile, de la voile libre où côtoyer les profondeurs, quasiment nu, prend une dimension cosmique, mystique, bien au-delà du voyage, de l'éloignement, de la course au large ; il s'agit de cet échange essentiel, originel que l'homme entretient avec l'Océan dans ce qu'il recèle de plus mystérieux, envoûtant, fascinant : ce penchant naturel et ô combien recherché de l'osmose, de la symbiose momentanée entre lui et la mer, en l'instant particulier et d' ultime rencontre, lorsque la vague et l'homme se confondent ; transparente étreinte que le vide soutend à l'orée du gouffre ; apothéose - épiphanie. La mer bascule, le monde s'arrête ; flottement éthéré ou révérence lumineuse à la vie l'espace d'une onde, une pulsation auréolée qui passe et scande l'éternel, le beau, le vrai ...! Intense communion entre ces extrêmes ; la raison et l'illusion se partagent et se donnent, sans jugement de valeur, au-delà de l' éphémère et de la durée ... La mer unit, perpétuellement, parce qu'elle sépare trop souvent !
Quand je dis rencontre, j'évoque ce dialogue intérieur, ces pensées rebelles qui germent au fil de l'eau immaculée et que la rafale disperse en tournoyant, en dansant avec les nuages, ess-aimant avec le vent, ces silences convenus et concédés l'un à l'autre comme un pacte sublime marqué du seing bleu et lumineux des ciels ...! Le Ciel ne trompe pas, il accorde les notes d'un plain chant .
Je sais qu'un bord, une longue distance garde le jour et ses lumières comme limites aux rimes de la folie mais il est des labyrinthes terribles aux prises desquels la côte disparaît, cachée par les collines d'eau que les coups de vents lointains soulèvent. Et dans ce tumulte, ce chaos en mouvement précipité aux rivages, entre grains et cieux obscurs, les violentes rafales et le fracas des lames aux brisants, je grave indéfiniment en moi l'image d'une fin de traversée, de voyage, d'une rupture. Je me tiens tout près de l'impossible retour. Insupportable devient l'impression de faillir près du but, en ce refus de toucher terre et d'échoir vers le monde périssable et aveugle. Je me condamne souvent aux refuges des grandes solitudes
...
Lecture à mes Petits Enfants - Pensées -
- MARIN -
Catégorie du Site
" AVENTURE WINDSURF "
1 ère Ecriture le 18.01.2012
2 ème Ecriture le 27 Janvier 2023