IN CORSICA TANDU - BUNIFAZZIU, L'ISULA ROSSA, CALVI ...
EVOCATIONS
- Bunifazziu -
Rien n'aura vraiment changé ! Citadelle imperturbable que la craie et les verticales confortent. Les quais ont aujourd'hui regagné leurs parfums d'antan ; beaucoup de visiteurs, l'été, certes ! Et puis cette volonté farouche de demeurer la Cité des Falaises, le Peuple du " Piale " et du Causse Bonifacien - En très bonne voie de préservation ! Bunifazziu, un Univers marin tourné vers le Large et l'Azur du Chant ! Mon coup de coeur...
MAIS ...
- TEMPI FA & NUSTALGIA -
!!!
C'est une rencontre avec le passé que je découvre en choisissant sur un étal estival quelques reproductions de vieilles cartes postales. Émotions, nostalgie profonde où se ruent les souvenirs d'enfance au coeur même d'un été bondé, devenu moderne à outrance, bien trop humain.
Entre les nasses galbées et usitées en bois de myrte, les filets, les embarcations qui somnolent sur les quais, quelques voiles latines, les pêcheurs ouvrageant et étendant leurs longues sennes sur les pannes désertes des vieux ports insulaires : visite quelques décennies en amont du temps vers ces rives de quiétude et de savoirs-vivre, ces bribes de réelles harmonies : Homme / Nature ; n'en déplaise aux protagonistes du tout moderne et de l'exploitation à tout casser, cette époque récèlait tant de charme et de poésie...
Voyage toujours, à bord des silences envahissants de la mer et de l'horizon, des grands espaces que les vents et les vagues empruntent comme un éternel retour, au-delà de l'homme !
Sur ces Images, une Île, tout juste sortie des affres de la guerre et des ces terribles ponctions humaines, une Île redécouvre cette douceur de vivre que nous lui connaissons bien. C'est l'invitation d'une terre prodigue et féconde à nous retrouver, fils de la Terre... L'envie de la travailler, de l'aimer, de la respecter du fond du coeur et de l'âme prédominerait avant tout. En aura-t-il toujours été ainsi ? L'avenir nous le dira ... La pente est aujourd'hui suicidaire, il y a danger et péril en la demeure
!
En certains lieux, à la faveur de quelques esprits élus lumineux et intelligents, l'adaptation aux modernités, aux progrès se sera faite en douceur, aura été progressive et surtout contenue, laissant çà et là quelques bastions d'authenticité productifs et beaux, protégés et attrayants, intégrés et aussi porteurs d'emplois.
Mais hélas, là n'est pas la règle ou du moins le maître mot, la ligne de conduite que toutes les communes auront défendus avec le même souci de sauvegarde de tous les biens, des acquis. Nous nous éloignons du potentiel énorme que nous auront laissé les Anciens, les Ancêtres à travers leurs métiers magnifiques, leurs savoirs-faire inimitables et remarquables.
Il suffit de jeter un regard sur l'une de ces cartes pour sentir, déceler, caresser l'hymne à la vie et aux saisons qu'elles dégagent. Un chien au regard lumineux, rusé et protecteur, près de son maître participe à l'instant solennel des préparatifs en vue de la prochaine pêche. Des yeux étincelants qui disent tout l'attachement de ce fidèle compagnon à l'instant qu'il goûte auprès du pêcheur. Le moment est à la paix, à l'attente, au retour aux sources cristallines et désaltérantes d'une île où il fait bon vivre!
Et c'est ainsi que tous les quais recouverts de mailles, de nasses, d'artisans conjuguent sous nos yeux, dans le lent balancement des bateaux, le rituel ancestral et porteur d'une pêche artisanale aujourd'hui en voie de disparition. Le vol des goélands devient mélodieux, diffus, il s'immerge dans la langueur du port, avec l'homme !
O Diu meiu, quant'idda sara bedda 'ssa Tarra di Corsica !
Mais pourquoi les quais d'aujourd'hui rejettent-ils le bord de la mer ? Le clapotis de l'eau claire contre les bordées de chênes des coques colorées ne résonne plus que dans les lointaines souvenances. Les façades aux vieux crépis qui dominaient encore le rivage n'ont plus le même regard sur l'azur ; je veux dire vers le ciel et sur la mer, au-delà des falaises ou des baies, des anses et des criques vierges parcourus des frissons de la brise.
Il n'est que cliquetis de torons battant l'alliage des espars galvanisés qui s'enchevêtrent, sur fonds uniformes d'immeubles et de ciment ...!
Non, je ne verserai pas dans cet état contemplatif et niais, récusant à tout va le modernisme et le progrès, courant après je ne sais qu'elle image galvaudée d'Île lointaine que l'on vend si bien ici ! Non, assez du romantisme aisée du citadin sevré de nature !
La nostalgie que j'affiche est celle du rebelle qui se révolte contre le système, l'homme asservi et sa boulimie de profits, son envergure démesurée qu'il étend quoiqu'il en coûte en barrant, en outrageant les élans d'une Nature sublime et unique.
Je crie face à la dilapidation, à l'invasion anarchique de cet Environnement que seuls les dieux auraient ouvragés afin qu'on y découvrît le sens de la beauté, de l'harmonie, de l'espace et où la mer et la terre convolent vers les Noces souveraines : l'ouvrage du temps, des siècles, des vents, des ruisseaux et des fleuves libres et exaltés qui façonnent une montagne dévalée dans la mer depuis la nuit des temps.
Je pense et je le dis très fort que l'évolution, le progrès, la productivité en tout domaines, tout cela reste possible et viable dès lors que l'on affiche la volonté ferme et impartiale de s'intégrer, de se fondre, de respecter la Nature et ses Interfaces souverains, imprescriptibles, Divers. Une Île et ses mille recoins cultivent l'aise et la discrétion convenus des vallées, des plaines et des hauteurs. Mais de grâce, ne touchez plus aux rivages, aux regards que la mer et la terre s'offrent et soulignent ensemble pour notre éternel ravissement ; protégeons et préservons les dons du Ciel !
Or, que voyons-nous aujourd'hui, à quoi assistons-nous ? Que déplorons - nous si ce n'est l'empire du béton tentaculaire, l'urbanisation vorace et rampante, ces longues distances de rivages peu à peu rongés par le bâtis, la propriété privée, l'exploitation commerciale à outrance et sans aucune réserve vis à vis de la Nature. Pensez-vous que l'intégration, la préservation des sites, les charges à respecter afin qu'activités humaines et Terre soient en Phase valorisante et non dépréciative, pensez-vous que tout cela soit enfin observé ?
Un ère où la vie et le bien-être toujours se coudoyaient. Des saisons qui inlassablement louaient la fertilité d'une terre et les promesses de la mer. Un espace incommensurable juché entre l'Altu Pratu e a Marina - entre rivages et hautes cimes - dévoilant, quelques soient les saisons un perpétuel printemps.
Oui, sûrement, il faut libérer les élans créateurs d'une Nature merveilleuse et se faire tout petit afin que toujours l'attrait, la curiosité, l'étonnement prévalent aux désirs incessants de la rencontre et du partage.
C'est ainsi que je pense mon Île, notre Île, une Terre que l'on laisserait se reconquérir, qui se libérerait de tant de laideurs et de hideurs. Plaquées sur son sol, telles une pandémie, des boursouflures galopantes témoignent de la terrible maladie des temps modernes : Gains et Profits, spéculations aveugles et spoliatrices, exploitations outrancières et incontrôlables...!
Baléaristation à terme : cela n'est pas imposible. Une Île se défend à coup de ravins, de falaises, d'abrupts, de tombants, de rochers titanesques ; soit ! mais une Île qui perd lentement ses dunes, ces cordons de rivages remarquables, la zone sensible et admirable de ses rivages accessibles qui ne peuvent plus lutter ... L'homme serait-il si lâche ?
Un peu d'imagination, de bons sens, des outils modernes et performants, une volonté de préservation et de ménagement, le soucis de s'intégrer, d'évaluer ce qui doit demeurer remarquable et intouchable ; il n'est que de croiser les compétences et réunir les décideurs pour que cette Terre soit donnée en exemple tout autour du Monde et redevienne la Terre de Corse, une Île à part, une exception dont la Nature commanderait aux Hommes de bonnes volontés qu'elle porte malgré toutes les blessures qu'ils lui infligent depuis des millénaires ! Il faut en convenir, à l'instar de l'évolution préjudiciable des Climats due à l'activité Industrielle, la Terre de Corse aura plus souffert en un Siècle qu'en plusieurs millénaires. Les atteintes, ont le sait sont irréversibles !
PA L'AMORI D' SSA TARRA - GHJORGHJU D'OTA -
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