LA PHOTO DU MOIS D'AOÛT 2012 ...
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LE VISAGE DE PIERRE
Une rencontre insolite au gré de vaines déambulations, l'estive ... Invocations aux sons métamorphiques, aux cristaux de silice muets implorant pour une dernière foi les racines du Ciel ! Pauvre Marin, pauvre pèlerin, où vas-tu, que cherches-tu ?
Il évoquera le vent mais dans ses talents d'artiste et de sculpteur invétéré, insigne, modelant les Îles lointaines brasées aux forges marines de Vulcain, issues des colères de Poséïdon, livrées aux délires d'Héphaïstos... Ces chemins de pierres et d'eau que révèlent Neptune et Eole, ces voies des lointaines errances où les bourrasques emportent la mémoire dans la nuit du cri et des plaintes carmines.
La roche dure, la pierre blanche se prête non plus aux clivages aisés des tailleurs de statues défiant la faucheuse mais à l'obstination, aux métamorphoses du temps qui lentement façonnent la camarde, le visage fugace des Parques. Atropos, Clotho, Achésis ! êtes-vous toujours là ?
Ces noms qui comme le gong du destin et de la fatalité filent la trame et les mailles de l'iris, d'une seule pensée, par nécessité et qui jouent avec le hasard. Eternelles filandières que le granit immortalise ici aux pieds des monts perdus, d'un massif tenu jalousement secret pour dissumuler l'alchimie des astres et des arbres en quête de lumière.
Oui, en ces lieux de murs dévalés, de portes closes, de chambranles et de vantaux fantomatiques, de linteaux brisés, un visage surgit à chaque détour et vous retient ; des yeux caves hèlent le voyageur et lui disent :
" pourquoi renoncer ainsi à tes racines, aux liens indéfectibles de la Source, aux chants de la rivière, à l'appel perçant de l'aigle, aux manteaux de fougères, à la transhumance festive des saisons et des bergers, aux amours des mouflons ? ... "
Je me suis arrêté, là, au seuil du silence, demeurant coi, saisi par je ne sais quelle stupeur ! Un camée auréolé d'azur, ceint d'une couronne de chardons brûlés par l'été en guise d'aubépine et la citadelle des hommes implorant le ciel prit à nouveau un sens ... dernières imprécations de la terre déchue, une voix d'outre-tombe lancée à l'adresse du Ciel en pleine montagne, encore plus proche du néant.
Le hameau déserté figeant, au nom de Pierre, l'ultime supplique à l'éternel ! La Nature se substituant à l'éphémère pour entretenir une scène de vérité que martèle l'écho d'une naissance, celui qui ricoche dans les lointains, comme la Faim, la torture, la souffrance ; une blessure béante, le souffle coupé des sources empyrées devenu muet, l'eau des mots transe-muée aux lèvres d'une prière saisie d'effroi ...!
MARIN
1 Ecriture le 07.08.2012
QUI VOUS RAPPELLE LA VOIX DES POETES
:
" ... LA SOUFFRANCE ENFANTE LES SONGES ... "
( LOUIS ARAGON )
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