LE BELEM // LA PHOTO DU MOIS DE SEPTEMBRE 2013 ...

LE BELEM IN BUNIFAZZIU, sur l'Île de Corse

Comme un inoubliable mirage 

 " J'aurais tant aimé cueillir dans ses filets de sous-barbe, allongé sur le beaupré les rimes d'un vaisseau à part : la vie ! que les vents et l'azur exaltent depuis toujours ; j'eus alors écouté les risées lumineuses fabuler la harpe en animant les haubans et les drisses. Ô lyre perpétuelle de l'étrave ! Et du gaillard, une âme à la mer, entre misaine et artimon, volant avec son ailée ...  "

 - Marin - 

 

1 Click = Toutes les Images

sont en Grand Format 

***

 Splendide et sémillant Trois-Mâts-Barque de 1896, à quai, dans le Port retranché de la Cité des Falaises, tutoyant et saluant, pacifique, la Haute-Ville de ses vergues aux voiles carrées et auriques, juste ferlées pour l'escale !

La dernière étape de la " Corsica Classic ", une régate d'anciens voiliers et de vieux  gréements de course séyants - Sloop et Yawl  Class internationale - jauges CIM et IRC 2013 - regroupés à Bunifazziu et finissant un parcours Méditerranéen dans les Bouches tant renommées. Le port paisible est donc au comble des rencontres et plus qu'honoré par le monde de la mer en souvenances ! Le décor est grandiose vu du Piale, du causse bonifacien.

Le ciel azuréen est au grand Détroit. Profond et dédaléen le chapelet d'Îles que délinéent les élégantes mâtures de ces Voiliers d'antan, glissant en silence, prestigieuses, et arborant parfois des surfaces de voilures étonnantes d'amplitude et de grâce sur fonds d'abrupts et d'albâtre ! Ainsi de ce jour de libertés consenties par les flots aux seuils de l'Histoire de l'Homme et de la Mer...

A quai pour trois jours, le Belem débarque son équipage de " Marins-Stagiaires " s'en revenant de l'Île de Malte. Il s'offre aux regards d'une foule nombreuse et sitôt au rendez-vous  fébrile de la visite programmée. Quelques adieux difficiles sur le pont, le bardas que l'on pose à terre et pour longtemps, l'âme en peine, un dernier regard brillant en n'osant plus tourner la tête... Puis le navire est  livré à la curiosité ambiante, devenant musée vivant et à ciel ouvert...  Contrastes et chocs des époques en ce petit matin rutilant et de chromes réfringents, au premier jour de Septembre, des routines imminentes !

La veille et dans la nuit estivale, enveloppés d'une  pénombre encore chaude et moite que les ports affectionnent, mât de misaine, grand-mât et artimon illuminés tissent sur la voûte étoilée de féériques toiles d'araignées. Le vent eût soufflé fort que le fjord et ses falaises eussent été emplis du chant stridulant des manoeuvres courantes et des gréements dormants. Plongeon, immersion nostalgique par-delà trois siècles, déjà, même si les deux extrêmes auront été à ce jour plus courts que le XX ème siècle qui abrita cette unité au long court dans ses pérégrinations houleuses et fascinantes, parfois périlleuses. Le Bélem aura parcouru ainsi treize décennies ; le voilà vestige, patrimoine, fleuron de l'ancienne marine à voile, mémoire flottante et voguant, anachronisme attachant, " une foi " n'est pas coutume !... Le bateau a 117 ans !

Emotion, attirance, comme la sensation ou l'impression d'avoir été familier de la thébaïde, de cette exception marine si prenante, arche mobile, vagabonde et tiède : le voilier suscite l'admiration et témoigne d'un profond respect pour l'Univers de la Mer. Une complexion, une complétude des savoirs, être et faire, qui n'auront sûrement jamais démérité ! Les souvenirs aussi d'une aventure que le trois-mâts barque décline à l'aune des vents, des courants et des marées de nuages ... Tels un pacte, un contrat passé avec le flot et les siècles ! La fidélité requise et à toute épreuve pour un serment  particulier, presque solennel :  le Vaisseau, le Voilier, le bel Oiseau devennant un peu soi-même, ou alors, tout un chacun, à bord, s'offrant en partage au rêve commun de l'Océan. Alors, de l'allégeance sibylline et complice au-delà de la raison, autour de cet antre ailé, aimé, choyé et qui eût à n'en point douter rassemblé ses âmes à la mer pour le plus beau des périples et des caps hauturiers !

La mer est calme, l'eau du port comme d'huile semble dormir encore, et pourtant, l'imposante coque d'acier rivetée à l'ancienne de 58 mètres et 860 tonnes perçoit le pouls abyssal de la Grande Bleue ; elle tangue, imperceptiblement,  au diapason des centaines de petits bateaux que le port abrite et porte d'une seule main céleste ; l'irrépressible attente de regagner le large, de déployer ses 1200 M2 de voilures émane des trois mâts en bois. Ils entonnent dans l'arène de craie millénaire comme un plain chant de silence et d'azur.

Je déambule : le tillac aujourd'hui renommé : le pont, quelques reliques de matelotage auront survécu, un nom de gabier glané çà et là, vernaculaire sûrement :  - " choucane " -, l'accastillage soigné et précieux de laiton, ses cabestans aux larges tambours reluisants,  les aménagements esthétiques du voilier sur les superstructures, les fanaux et les lanternes, une véritable batterie de poulies et de cordages suiffés, d'anneaux de ralingues, quelques épissures ancestrales et surliées, toutes les manoeuvres lovées soigneusement au pied des mâts et le long du bastingage, les deux cloches du bord refondues et estampillées, datées, le château avant et la dunette arrière ceints de leur imposants passavants de bois qui eussent préservé des déferlantes l'homme de quart à la barre, une splendide étrave à guibre et sa longue sous-barbe, une ancre magnifiquement galbée et articulée, de chaque côté de l'étrave, un guindeau des plus rudimentaires mais puissant, de solides taquets de teck laissant filer quelques écoutes, le haut bastingage, ses sabords et le pont bas des coursives abritées, les hublots solidement rivés font de ce voilier un oiseau des hautes mers, un port rassurant et chaud, tellement intime et accueillant. A l'intérieur, des carrés cossus en acajou de Cuba, un coffre de marine du XVIIème siècle  trône et surtout, cette fontaine d'eau magnifiquement travaillée au centre du bateau qui interpelle ; elle suffisait quotidiennement aux besoins de l'équipage. Mesure parcimonieuse du breuvage précieux au coeur des étendues fluides et mouvantes !

Enfin, à l'avant, le coin du Bosco, le chef des gabiers et l'atelier traditionnel du charpentier. Ces deux hommes du bord  indispensables et adroits assurent le lien entre l'équipage et le commandant, veillent à l'intégrité salutaire du vaisseau, perpétuant d'anciens métiers de la marine à voile ; émouvant !

Je n'oublirai pas la touche matinale et ciblée de chacune, chacun, oeuvrant à l'harmonie du bateau sur la mer ; une entente, un choeur, une seule voix qui eût bravé toutes les fortunes de mer ! Et déjà les senteurs d'un solide et bon repas à partger sur la longue table du carré ...

Je ne saurais davantage relater ce petit séjour d'une heure à bord du Navire-École : BELEM. Tant de choses m'auront échappées, détails et points remarquables ; les dire en ordre ou ainsi, au tout venant, je ne sais plus, je ne sais pas ! De l'émotion, certainement, lorsque je découvre :  alidades, clinomètre, barographe, rose des vents, compas de route, passerelle et table à cartes, la roue et la timonerie, ces instruments d'antan couplés aux écrans d'ordinateur qui un jour peut-être fonderont ma liberté de matelot solitaire !

Je fonde un voeu de Marin : que les hommes de ce siècle renouent avec le Passé des grands voiliers ! je les sais orfèvres et artistes, nobles charpentiers de toujours ... Quels splendides vaisseaux ailés, Clippers, ne nous feraient-ils pas au XXI ème siècles, dessinant à jamais les contours d'un temps apaisé, pacifique, laissant à tout un chacun le loisir de traverser et de découvrir  l'océan de son existence... Nous y redecouvrions l'art de rencontrer les mondes, de les aimer,  sans jamais plus déchoir !

POUR LE BELEM ET L'HISTOIRE

POUR L'HOMME ET LA MER

Je consacrerai un Album Photos dédié au BELEM, d'ici quelques jours - A voir à Droite du Site / Blog, dans la Colonne de Droite, avec de très beaux détails, un voyage donc à suivre sur Corsica...Go56 

Retrouvez le BELEM sur : 

www.fondationbelem.com

MARIN

- Un Jour d'errances à Bunifazziu et très ému  - le 01.09.2013

L'équipage du Belem à la fin du XIX ème Siècle et son Commandant de bord : Lucien CHAUVELON. 120 ans après, s'assoeir sur la même vire ! Il me semble les voir, ici, vivants parmi vous tous ... Merci à la Fondation BELEM pour votre hospitalité de s Gens de Mer

§

  Hugues Auffrey s'en revenant vers St - Malo, Alan Stivell jouant de la harpe avec les vagues vers l'Iroise : les routes sont lointaines, si longues ! Enya enivre les vents ... Et Jacques BREL, d'Amsterdam aux Marquises, déclame le port, une Île au large de l'amour ! Renaud, Noir Désir, dès que le vent soufflera nous incite à " tailler la zone " ... Ferré et la désespérance du voyage  ! 

Bons vents à Toutes et à tous et bienvenue à Bord de l'espoir 

!

Comments

[joss]

....dithyrambique !!!!!