EX-NIHILO ...
La beauté est une acception qui ne s'énonce et ne se négocie, hélas ! qu'à l'aune du billet de banque. Au diable la forme du rite naturel pourvu que tinte comme un flipper la tirelire ! La tirelire apprend à ne plus se souvenir, à ne pas se retourner ; mais de chanter avec les lendemains, quels qu'ils fussent ...
Ainsi de ces centaines de Kilomètres détruits, envahis, annexés, souillés, défigurés, partout en bord de mer, en rases campagnes, dans les montagnes, en plaines. Après tout, l'homme n'est-il pas locataire de la terre ? et advienne que pourra
!... Ainsi de l'Etat, enfin de l'état des choses qui vont et des Terres-Mitières
Je m'attardais à l'orée de la nuit ; il plut abondamment de longues heures en ce jour d'automne. Au lever, au coucher du soleil, entre devoirs et servitudes, par-delà les barbelés de la propriété juteuse : les hideurs des hangars, ces immenses limites de terres abandonnées aux stocks, aux machines, à l'univers concentrationnaire de la surproduction et du déchet. Il me fallu alors m'élever sur un mur et glisser le viseur de mon appareil photos dans une maille de fer rouillé afin de ne pas confondre l'azur et la décadence du rite, du pacte naturel ! Avant, là était une de ces vires vers le Ponant, toutes les fois émouvante !
Un brin de ciel au-dessus de la mer qui m'eût dit ou révélé, je ne l'ai jamais su, comment ce théâtre, l'arche des nues pouvaient traduire les plus énigmatiques alliances, le cycle immuable de la vie sur terre. Les colonnades ouatées se hissaient alors dans la nuit en touchant le toit du monde puis s'évasaient, répandant leur épais manteau amarante sur le jour qui allait. De la mer jusqu'aux ciels on sentait comme un flux ininterrompu, ce lien intarissable entre les éléments, assouvissant sans fins l'air et l'eau aux jeux infinis de l'ombre et de la lumière, des volumes et des formes.
Ainsi de ces nébuleuses en volutes parme et couleur de rose parachevant l'azur, accordant çà et là quelques parélies rougeoyantes sublimes, ces trombes naissantes fabulant l'univers des trous noirs et des tourbillons lointains. Spectacles merveilleux de l'atmosphère qui nous rappelle aux sublimités de l'espace sidéral et des supernovas, des nuages de gaz en effervescence. Kaléidoscope immensurable où se jouent les grandes énigmes et l'équilibre du monde des choses parvenant au grand Tout ordonné, orchestré, maintenu par enchantement ! Le temps passe. Mais avec les chars empoisonnés que l'homme lui abandonne en pâtures, le voilà qui périclite sans que d'aucun ne s'apperçoive des dommages irréversibles qu'il lui inflige. Ce qui aujourd'hui ne se remarque plus confinera un jour aux chaos fatals de la Civilisation de l'outils et de l'avoir sans mesures qui nous eussent livrés au déclin !