L'ORDRE DU CHAOS ...
Mon aile mythique mon frêle esquif
Portez-moi encore aussi près des mystes
Et des nues aux lames de la nuit fébrile
Ravissant sans fin l'âme pérégrine Je vais
Par le choeur ondoyé de la tempête
Qui s'élève droit dans les rais du soleil
Fuir à ton bord les mondes par trop immatures
L'ordre indigne du chaos y trame au filigrane
De l'argent froissé la pensée unique et torve
Aux jeux décapants des vitrines alléchantes
Quand parait et fabule leur foi dévoyée
Indifférente et si froide tant ingrate et qui mise
Louant aux ciels le tribut des justes combats
Par la loi légitime des plus forts et de leurs séides
L'arche des morts inconnus est si haute solennelle
Une seule fois l'an qui retentit des oraisons
Et des vaines sonneries que l'on ne peut plus supporter
L'enfant soldat les odieux défilés des dictateurs
Passés en pertes et profits du décompte
Saluent bas le rapport de force des lâches
De vils marchés au nom de l'équilibre de la terreur
Encensent le produit des profits conquérants
Recueille-moi petit esquif de mes rêves
Ailé je vais voir derrière l'horizon embleui
Des ecchymoses de toutes les mers blessées
Fluer et défiler sans fin la mémoire en berne
Des pauvretés insupportables des déshérités
Les nuages saignent au vent la colombe assassinée
Il plane sur les vastes étendues l'ombre obscure
des forfaits la manne éphémère des privautés
Et de l'esclavage nouveau Aux ordres du désordre
Les multitudes asservies par l'excés des Lumières
Et pourtant à bord de ce petit vaisseau qui va
Grandissent sans pareil les prodigues harmonies
Qui nous emportent depuis aux seuils clarteux
Des racines du ciel et de l'unique source du verbe
Emmène-moi au pays des fables des légendes
Allons noyer ainsi la tragédie et le tourment
Il n'est ni fatalité ni sort que l'on arrime au destin
Ce ne srait certes pas juste ni bon pour l'innocent
Rêvons et touchons aux mêmes rivages pacifiques
De l'éveil et des inaltérables splendeurs d'antan
Soyons de l'éternel dessein de l'azur du fruit
Spirituel par lequel nous eussions réconciliés
Les races les différences la diversité et réduit
Les fractures les profondes blessures du coeur
Qu'à l'ultime instant de notre rencontre en un point
L'âme au chant universel accourt délivrée et se couche
Enfouissant toutes les haches de la haine de la guerre
Afin que la houe et le fléau ouvragent indéfiniment
Parachèvent l'oeuvre tutélaire du Ciel son unique reflet
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