LE PORT DE L'HIVER ....
" ... Et les ondes coulaient dessus le déversoir
Et par dessus l'écluse et par dessus la bonde.
Et l'océan sans terme et l'océan du monde
Passait dessus la darse et dessus le musoir. "
Charles PEGUY
Eve - 1913 -
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De ces cliquetis de vents
Enivrant et lointains hélant
Aux gréements des bateaux
A l'air doux qui s'engouffre
Dans le goulet comme la soif
Qu'étanche une eau fraîche et profonde
Par les pollens des vagues
De l'été et ces instants d'île
Me viennent quelques pensers
Encensant la joie et l'amour
Et rêver le parfum du large
Aux galbes soyeux de la mer
Où se couche l'ombre lascive
De l'étreinte Languide et vespérale
Qui se fond aux pannes
Absinthe du désir
Ô champs ondés Ailes longs espars
En partance musent à l'aventure
Elongent la mélodie des caps
L'amure qui s'accorde
A quelque nostalgique ballade
Qu'entonne chaque voile latine
Vagabonde
Que le port recueille
L'échancrure de la terre
Est profonde et le tourment
Apaisé lorsque la solitude
Aborde et touche aux quais
Il est dans la sibylline noria
Des voiliers et des marins
Un bruissement d'eau vive
Que l'azur embrasse
Solennel et pur
Ainsi vogue et plane le dessein
De la sagesse et des vastités
Je n'ai qu'un port où relâcher
L'âme qui abrite
Ces images sans âge
Et dérive Ô souvenance
Que n'erres - tu jamais trop
Pour un seul brin d'éternité
Un dernier baiser au musoir
Demain sera matinal à la criée
Aux nasses aux rets colorés des filets bondés
A l'étreinte d'une sirène sur le départ
Sous l'envolée stridulante
Des goélands et des gréements ensoleillés
Entre deux généreuses falaises de craies
J'irai par le flot houleux
Et le sacre du Ponant
Pleurer solitaire droit dans le soleil
Les vaines promesses de l'hiver
§
- MARIN -
Revue le 02.06.2014
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