IN CORSICA TANDU !...
Ajaccio - vers 1900 - !
Comment, en regardant de telle images, ne pas être emporté par le cours du temps, à contre-courant des ans ! Ainsi et toujours, lorsque l'on rencontre en chemin un hameau oublié que la maquis retient prisonnier des ronces lianes... Des cartes postales qui se vendent bien, et, qui ramèneraient tant de sujets vers ces décennies chères. Racines perdues, ravies et coupées pour certains, réconciliées avec toutes les époques qui nous auraient conduits jusqu'ici, pour tous !...
Mais plus encore que cela, ces cartes sont des tableaux, des fresques encore vivantes où resteront à jamais figés les scènes anodines d'antan. Il se dégage comme un parfum d'insouciance, de joie de vivre et de partage ; nous sommes dans les années 19oo, mais avant la Grande Guerre ; les ports regorgent de marchandises et de fret à destination du vaste Continent. Les ânes et les solides mulets ont convergé vers le Port et la Ville ! par dizaines qui témoignent d'autant de petits métiers aujourd'hui disparus, animant et peuplant tant de bourgs et de villages disséminés dans la moyenne montagne environnante.
Si la Modernité et l'évolution constituent une incontournable nécessité, recèlent des trésors d'ingéniosités et de progrès, il n'en demeure pas mois que ces dominantes n'auraient jamais du s'opérer en désertifiant les campagnes, avec pour corollaire un exode rural catastrophique, une nouvelle grille de société fondée sur le gigantisme, la surproduction. Les mirages du profit faussent la donne et la mise d'un réel urbain exclusif et réducteur ...
Mais la mémoire est un chant que l'on étouffe pas, fût-il depuis les silences de l'exil, la réclusion de l'âge, le " naufrage de la vieillesse ", les derniers bastions de la vraie ruralité ! Un jour reviendra où les hommes recouvreront le sens de la terre, le pastoralisme sensé et mesuré, le travail respectueux de la glèbe, l'ouvrage noble des matériaux naturels prélevés avec juste proportion et selon les besoins, les exigences porteuses pour l'avenir et les ressources !
Un jour sûrement plus enclin à la poésie, au rêve, à la sensibilité et à la beauté envers les choses que nos modes de vie happent et détruisent, presque sans le savoir, à très grande échelle et vitesse ! ... Oui, il fut un âge d'or où l'Homme et la Nature pactisaient, s'écoutaient, se parlaient, du plus profond des harmonies, à chaque saison, sur le parvis commun du Temps, de l'Eternité ; il suffit de regarder tout autour de nous, en sillonnant notre Île et nos villages, voir les exemples édifiants que nos anciens auront laissés ! Étions-nous, malgré d'innombrables lacunes, plus sages ? Oui, certainement !...
Pourquoi faut-il que nous assujettissions le cours et le sens du temps à celui de la machine, la terrible machine destinée en définitive à faire du temps et de l'homme les premiers de ses rouages, implacable ? La machine qui devait libérer l'homme, afin qu'il se consacrât le mieux du monde à la Vie !...
Marin
Bonifacio, après la Guerre, vers 1950, et ls quais dans l'attente de l'embarquement des grumes ; ci-dessous, des Tractions, une Aronde, le quai !... En face, rien que les cannes et les roseaux. Largesses de ce bon petit Port de pêche où l'on, tissait, pêchait, posait les nasses en joncs et bois de myrtes, commerçait et transhumait, laissant à la Haute-Ville tous ses secrets et tant de charmes !