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UNE ÎLE

Je ne conçois pas la beauté, l'harmonie, l'enclave de la réserve, quelle qu'elle fût, lorsqu'elle s'affiche  aux côtés de la hideur, de la destruction, de cet emparement sans limites des terres et du rivage dont l'homme fait la preuve insolente, comme une injure ! Je n'admets pas que l'on s'accorde à définir l'espace  Naturel au coeur même de la frénésie qui broie et digère mal  le Tout. Si l'homme s'étend et se développe, il doit le faire avec égards, précautions, respect vis à vis de ce qui l'entoure et le fonde ; il se doit d'épouser l'existant, d'y être aussi harmonieux, comme faisant partie intégrante de la Nature et non avec ces contre sens révoltants. 

Oui, lorsque les banlieues et les chantiers relieront les villes entre elles, lorsque les collines face à la mer auront disparu, arasées et couvertes de béton, lorsque le vaste cordon littoral ne sera plus qu'enfouissement et entassement de déchets, lorsque les dunes seront dilacérées par les larges sillons des roues crantées, lorsque les plages continueront d'être  remplacées par le  terre-plein de Tuf pour y jucher l'exploitation et le parking, lorsque l'homme au final poussera et détruira l'essentiel  pour s'y mettre, avec ses artifices stériles et, de se  justifier à sa façon ;  le pouvoir et l'argent pour seules devises et mots d'ordre ... Alors nous aurons perdu la Terre de nos Anciens. On peut développer, mais sans jamais porter atteinte au Milieu ; permettez-moi d'ajouter, que la Réserve Naturelle qui jouxte une banlieue horrible, un vaste chantier, percluses de déchets venus de la mer et des fleuves souillés, cela me consterne et signe l'Incurie des Compromis, le faire-valoir et la vitrine des gens qui se situent et se placent.

La Nature, nous le verrons bientôt, ne s'abreuve pas de Com-promis mais de pérenne allégeance à l'Etant. Justement, notre tâche, notre dessein, notre mission est bien de se conformer à l'harmonie, partout, sachant que l'enjeu est capital, le pari difficile, mais de toujours s'en approcher un peu plus ! Car il est des volontés remarquables, des initiatives heureuses, des initiatives et des créations notoires, hélas, plus individuelles que collectives et politiques 

!

Le soleil se lève sur la moitié du monde,  diffuse une lumière blonde et si douce. Découvrir alentour, un long moment, l'automne que ravivent les rayons roux de l'astre de vie. Vive est l'aure tandis que sur la mer flotte comme un mirage de vent lointain, d'Aquilon. L'horizon bossué ne trahit pas ; lorsque le soleil bas de l'hiver tout proche commencera de décliner sa course, les vents dès lors  le suivront, fidèles et si transparents.

Il est si peu de choses mais tant à dire, à évoquer, à coupler avec un état d'âme qui ne laisse jamais de louer ces pans de beautés qu'esquissent sans fin l'épis et l'oyat, là-bas, vers les dunes, aux pieds mordorés  des collines.

Il n'est aucun lieu d'harmonie qui n'ait pas sa place dans le vaste concert de la Nature. Le grand Héron blanc pêche dans le bras de mer reliant la lagune aux flots tandis que les canards, en flèches élaborées rêvent dans l'azur encore viride aux longues migrations, tournoyant par centaines en se nombrant.

Un silence vénérable invite à la rêverie, un vieux tronc échoué comme engravé a tourné son échine hérissée vers les flots. Le sable immaculé brasille lorsque  l'écume aux promesses si blanches chamarre un parvis rare jaspée de silice.

Je garderai dans ma souvenance ces fresques emplies de divines complétudes que les hauts massifs enneigé délinéent sur l'azur et le bleu intense, la moire froncé des premières risées sur fond de porphyre exalté, là-bas, vers l'atoll où éclosent des vagues enivrantes de parfums  et de flagrances

Voilà, pour ces quelques pas oubliés ou insignifiants que l'infiniment grand  délivre et nous accorde, chaque jour ! Voilà pour une des innombrables harmonies, à la fois pacifiques et prodigues dont l'homme se prend à heurter, à blesser, à ignorer d'ignorer les confins, du tréfond de la suffisance et du parjure... Voilà ce qu'un jour nos enfants ne verrons plus tant la folie de la démesure et de la dominance s'exacerbe, chaque seconde qui passe.

Et de se dire, au gré de ces pas humbles, illusoires, hypothétiques, que nous aurions été  comme un accord, une note, une touche, une rime dans la vaste symphonie de l'Univers, emportant  avec nous quelques images, une pensée qui eût ébauché l'éternel

!

MARIN

 

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