CROISER HORS DU TEMPS ! SAIL AWAY ...
Et d'allier de numineuses bordées au bord des maux, du tourment qui en faisaient la trame et les chaînes ! Comme pour conjurer le complot, les menées de l'obscurément trouble et les arcanes de l'éphémère que l'on fuit, honnissant la trahison, je gravais dans ma mémoire le poème de l'amer. J'allais à en perdre le souffle de la raison, sillonnant les travées antiques et mystérieuses d'un éternel écrin chamarré d'émeraude et de saphir : l'Océan de l'âme, les lames de l'Océan, l'alme azur des ciels nous confondaient en leurs géodes de cristal et d'améthyste. Qu'étais-je, que faisais-je, où allais-je ? Il me semblait unitivement dialoguer avec quelqu'Un sur la mer que brillantaient tant de moutons
!
J'aurai si souvent fui et dévalé de pentes
Tant que j'aurai pu
Naviguer en prenant le large
Sans foi Voulais-je m'ébattre
Hors du temps ici-bas imparti
Vivre comme l'on meurt
A ces fragments d'espace rares
Abattre hors de l'âge bafoué
Que d'aucuns fracturent à l'envi
Pour quelques louis de plus
Ou les accords de la renommée
Et tandis que maints spectres
Armés de sceptres enduits de fiel
Hallucinaient un univers si pur
Lentement montaient en moi
L'émoi et le désarroi cent fois
Éprouvés de toute saine révélation
Je désespérais de ne plus souligner
Sur l'azur le dessein pacifique
Des mots aux linéaments lumineux
Des silences essentiels
La solitude et l'humilité vaguent
Ne se rejoignent-elles merveilleusement pas
A l'aube du matin des magiciens
Que voile lointainement
Le suaire de la Nuit Profonde
De l'Hiver Et j'irais encore
Fabuler les vertiges de l'eau
Lustrale des Îles sous le Ponant
Boire leurs horizons de clarté sans fin
Que m'emportent l'ivresse des galernes
Ces délires qui ne laisseront jamais
D'affronter le mal insidieux
Des regards faux louant la rumeur
Désastreuse des vils et viles larrons en foire
Il n'est que l'amer pour appréhender
L'empenne du temps le sacre de l'instant
Régénérant ou fatidique Et la Mer
Pour ne point douter de la Foi en l'Azur
Où étais-je, où allais-je, pourquoi fuyais-je
Si ce n'est pour épouser l'Eternité
Et me perdre en l'ultime cause fidèle et vraie
!
MARIN - Sentiment Océanique - A bord de la Folie - En toute première Ecriture / 72.25. 4072