LE MONDE N'EXISTE PAS !...
Treize enfants sont morts noyés, hier, sur les plages prisées de la Grèce ! Mare Nostrum, profondément affligée et trahie pleure sous les grains, entre deux îles aux liens des racines tranchées. Et le flot des houles lointaines, glas accablant, entonne le chant funèbre des champs de désolation où les vents crient et hurlent à l'aide
!
Tout ne serait-il que représentation
interprétation erronée
des sens en leurs pensées
abouties comme parvenues
sur le parvis des certitudes
où s'affrontent les guerriers
éphémères cent raisons
au présent stérile qui nous rivent
Je me noie au coeur de l'océan
de la foule tirant ses boulets
depuis l'enfer des apparences
des citadelles et des colombes
assassinées pour une once d'or
Quand je traverse la mer endeuillée
le cris des noyés harponne
le chant des vagues aux enfants
jetés sur la grève des mondes
antiques qui pourtant me lient
Dieu que la fuite m'est douloureuse
lorsqu'elle se révèle lamentation
compassion prière et silence
recueilli sur fond azur impuissant
où je viens un instant renaître
et lâcher encore une fois prise
le premier cri unitivement lancé
droit dans le soleil de minuit
là où saignent toutes les aurores
à l'acmé de la déréliction
Ils louangent la mer
en se donnant à l'autre ciel prodigue
comme à la naissance du jour
sans autre artifice
que de s'en remettre à la Providence
corps et âme mus par le sens insigne
de tout ce qui n'aurait jamais eu de prix
comme un appel au secours
vers la terre des hommes libres
§
MARIN - Sur la Mer de l'Intranquilité -