" A CAPEDDA SANTA " !...
Le site est grandiose. Vu de la mer, surtout ! un regard qui gomme ça et là les blessures de l'homme perpétrées à l'encontre de sa terre ; cela va de soi ! Parce que, ici, des kilomètres de rivages et de côtes auront été et sont toujours arbitrairement ôtés au patrimoine commun, ravis à la " Terre du Commun " que seule la mer souligne et délinée depuis l'aube des temps, telle la vérité qu'il se doit d'honorer pour être et subsister.
Elle se sera cachée pour mourir, en quelques lieux sacrés et tenus secrets ; la mémoire des migrants lancés à travers Mare Nostrum, portant la Bonne Nouvelle, des voyageurs parvenus sur une Île dont le monde antique craignait l'accueil de populations rebelles et belliqueuses ! Nous étions au II è, III è, IV ème Siècles de notre ère très chrétienne. L'île de Corse balbutiait quant à l'acception que nous lui prêtons de nos jours. Les premières fondations de la Sainte Église Romane se multipliaient. De petits havres que l'on souhaitait jadis et enfin qu'ils fussent de paix, où l'on baptisait, priait, se recueillait, jusqu'aux confins des terres, en lançant vers l'azur les mots du message retrouvé !
Il ne resterait là, au bord de la Grande Bleue infusée d'étoiles que les assises d'une foi inébranlable, le dessein arasé d'une chapelle, un autel réduit à la plus simple expression du quadri posé à même la terre et que les vents, le sels, achèvent de cribler.
Il pèse en hiver, sous le grain froid des galernes et des puissants Aquilons, comme une chape de grisaille et de solitude mêlées aux voiles échevelés des puissantes vagues. Je n'en dirai jamais plus tant le lieu inspire le silence, le respect ! Comme une ode à l'eau-delà du temps et aux visages de pierres que la mer lentement exhume de l'un de ses refuges innombrables ...
Si tu viens en ces lieux errer, donner libre-court aux illusions, au rêve devenu réalité, au songe rebelle de la foi qui t'habite, alors Marin, observe longuement la mer avant de te livrer à la souvenance épurée des plus hautes vagues qui tutoient les nuages.