LE VISAGE DE LA TERRE !...
PROFONDEUR DE CHAMPS
Bien sûr, la terre, la mer, dès le premier regard semblent ne pas avoir souffert ! Des pans et des versants entiers, combien de tombants demeurent encore vierges de toute occupation, de toute déprédation. Le milieu en aura pour l'éternité décidé ainsi tant les abrupts, les dévalements de blocs et de terre dominent les lieux, menacent de chuter.
Mais à la fulgurance d'un premier regard succède le gâchis, la découverte qui heurte, à l'intime sordide de l'occupant, du terrien, du conquérant !... Ils sont venus, ils sont ou étaient depuis longtemps, des siècles peut-être rivés, comme ils auront laissé le chancre dévorer la beauté, souiller l'authenticité de ces noces fabuleuses entre la mer et la terre, sous l'égide des cieux, la tutelle des monts enneigés et des horizons aux cimes cristallines.
Le trait de côte n'est plus ce qu'il fut. Asphalte, remblais, barrières, murs en parpaings hideux, ordures, cabanes, casses auto, vieilles caravanes, machines au rebut, poubelles, carcasses de bateaux, entrepôts infâmes, déchets plastiques, sablons magnifiques juchés et envahis de matières plastiques, d'encombrants rejetés par la mer, maquis dense souillés de déjections, véritables fosses hygièniques, parcelles de dunes littéralement arraisonnées par le jeu des complaisances insupportables, et nous en passons !
Que sera devenu ce temple de la beauté et de quiètude, ce golfe que je connus si jeune et qui déjà nous émerveillait. Nous déjeunions dans l'herbe printanière odorant les jeunes floraisons insulaires. Le sable rose ou blanc étincelait au zénith du soleil et le flot, tous les ans, recomposait les petites plages, anses et criques, dont sable et coquillages pénétraient d'épaisses jonchaies, roselières.
On ne trouve, sur un fil ténu de plage, que de vieilles chaussures, du pneu, des bidons crevés, des milliers de bouchons plastiques et de micro-billes multicolores, mille témoignages d'une époque destructrice, impitoyable !
Mais plus encore, ces accrocs inacceptables à la beauté naturelle, à l'harmonie, - dont tout un chacun se doit de respecter les fragilités -, ces enfreintes au droit le plus élémentaire et au respect de ce que l'on peut appeler LITTORAL, - c'est à dire cette frange délicate, dont on observe à minima une certaine distance de la mer vers l'intérieur tout en veillant à bien circonscrire justement les éléments naturels qui la composent, et dont l'on visualise comme on observe toutes les interactions que les éléments commandent - .
Prenons pour exemple une dune soumise aux vents dominants et à ces retranchements sablonneux qui se poursuivent en amont, abritant une faune et une flore remarquables, voire endémiques. Certaines de ces dunes auront été littéralement ravagées, détruites, comblées pour y flanquer une route, un parking, du tuf maculé d'ordures, une structure invasive et lucrative.
Il est grand temps d'y remédier sous peine d'assister à la" bétonnisation, à l'asphatisation " de zones parkings ignobles en bord de mer, en lieu et place d'anciennes dunes littorales, avec tous les effets collatéraux qui en résulteront.
Les élus auront du travail et du courage, car il est ici de réelles urgences. Le visage d'une terre insulaire est à ce prix, au risque de sombrer dans le cliché, le lieu commun, les travers de la cupidité sans le soucis de la gratitude.
Au-delà, à l'horizon du dérèglement climatique avéré, gageons que des portions entières de rivages disparaîtront. 30 ou 40 cm d'élévation du niveau de la mer suffiront aux coups de vents pour tout balayer.
Alors, rendons aux rivages leur " lit d'antan " afin qu'ils accueillent la mer courroucée et se régénèrent ! On ne lutte pas contre la poussée de l'eau. Rendons aux rivages toutes capacités à recomposer à chaque saison leur physionomie naturelle.
Enfin, si nous avions possédé la moindre parcelle pour y construire, vivre, prospéré, nous aurions mis un point d'honneur à rivaliser avec la solennelle beauté d'un havre de paix, à l'entretenir sans le dénaturer. l'intégration fût alors totale !
En pérennisant ainsi les anachronismes révoltants d'un urbanisme qui se moque bel et bien des paysages et de l'authenticité d'une Terre d'exception et de rareté, nous perdront notre île et notre âme. Le bâtis et l'intégration, le respect de la Nature font chemin ensemble, sinon, ne me nommez plus Corsica
A BON ENTENDEUR
!
Ghjorghju d' OTA
2 ème Ecriture le 10 Novembre 2021
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