L’OCÉAN DES SABLES ALLÉGORIQUE !...
Voici une Pensée redoublée ; Edmond JABES, les Amis(es), à l'occasion de ce pas, de ce gué à franchir, entre deux années, dont l'une ne sera jamais plus et l'autre, pas encore, ou à naître, à éclore à sombrer encore comme ces deux vagues égarées, voyageant au gré des vents...
Nous en profitons pour adresser aux vagabonds de l'onde, de la Mer, des grands espaces et de la Liberté ce premier fragment d'Edmond JABES, déjà publié sur l'humble petit portail de la Mer et des Océans.
Les mots justes nous reviennent en boucles et tintent comme le migrateur à la vitre du printemps se rappelle à la douce volée de grains qui jamais ne meurent en tombant, en pleuvant, en chutant pourtant sur le sol ...
CORSICA...GO56
2016
" TAKE IT AS IT COMES "
Edmond JABES
Nomade ou marin, toujours, entre l'étranger et l'étranger, il y a – mer ou désert – un espace délinéé par le vertige auquel l'un et l'autre succombent.
Voyage dans le voyage.
Errance dans l'errance.
L'homme est, d'abord, dans l'homme, comme le noyau dans le fruit, ou le grain de sel dans
l'océan.
Et, pourtant, il est le fruit. Et, pourtant, il est la mer.
Et puis l'autre pan d'une errance prodigue, tant féconde ...! Dieu que ces mots planant au-dessus de la terre des hommes iradient, laissent au sillon, à la semence et au grain l'espoir de l'embrun...
Je suis un silencieux. Je me demande, grâce au recul que je prends, maintenant, avec ma vie, si ce goût prononcé pour le silence n’a pas son origine dans la difficulté qui, de tout temps, fut la mienne, de me sentir d’un quelconque lieu.
Avant de connaître le désert, je savais qu’il était mon univers. Seul le sable peut accompagner une parole muette jusqu’à l’horizon.
Écrire sur le sable, à l’écoute d’une voix d’outre-temps, les limites abolies. Voix violente du vent ou, immobile, de l’air, cette voix vous tient tête. Ce qu’elle annonce est ce qui vous agresse ou écrase. Parole des abyssales profondeurs dont vous n’êtes que l’inintelligible bruit ; la sonore ou l’inaudible présence.
S’il fallait une image au Rien, le sable nous la fournirait.
Poussière de nos liens. Désert de nos destins.
Edmond JABES