L'ÎLE VERTE / A GIRAGLIA ET SON PHARE...
A GIRAGLIA
Dans le petit jour revenu, la lampe s'éteind, quitte la haute silhouette blanc-passé qui peine à rayonner sur l'azur profond de la Mer de Ligurie. Sur l'autre versant de l'Île, infames, quelques fortifications signent les délires tonnants d'un certain mégalomane et d'un traître à la jeune Patrie. Ces horribles remparts trônent toujours et souillent l'architecture des tours et des dieux de la terre et de la mer
Ghjorghju d'OTA
L ' OPARA MARINA OU LES " TRAVAILLEURS DE LA MER "
Sur cette île en partance aux profils d'étrave et de poupe, les vents et les lames ont souligné et mis en relief des centaines de strates. La serpentine, pierre du Cap, irradie les jours de coups de vent ( Prasinite verte et Schiste noir ) ! Ainsi l'énergie colossale des eaux et du feu décline l'ouvrage du temps ! Les cinq éléments sont à l'honneur et saluent l'horizon de la mer de Ligurie, les transparences et la profondeur d'un vent fou : le Libecciu.
A son approche, on entend les coups sourds de la grosse mer qui s'empare des grottes et anfractuosités sous-marines. Une Île verte est cernée d'écumes, de féeriques moires couleur jade ! Un écrin unique vu du ciel comme des hautes lames de la grande " Passe ".
Source de délires et de vertiges où vaguent et planent quelqu'uns de mes fragments de vie ! La mer aux camaïeux abyssaux, dans sa superbe bleutée y lève des écharpes de vents oniriques...
Les hommes d'antan y ont juché une haute tour de défense, une vigie de pierres taillées à l'épreuve des siècles, des tempêtes et de tous les assauts. Citadelle naturelle, inexpugnable. Combien de feux auront été allumés puis relayés par une ceinture d'édifices gênois et pisans capables de transmettre en une heure, tout autour de l'île, le juste message de défense et d'alerte qui l'eût protégée des incursions et des invasions indésirables ?
Une île, bastion métamorphique que seuls les embruns et les nuages d'écume balaient l'hiver, lorsque les grosses houles et les vents violents se donnent l'accolade. Entre la Bora, la Tramuntana , le Maestrale, notre écrin demeure, à l'ouvrage comme à l'epreuve des millénaires...
Vint le temps de la Navigation intense, des voyages et des liasions plus régulières vers l'Île de Corse, ses ports majeurs ouverts au commerce depuis les pourtours de la Grande Bleue. Face aux dangers que représentait la navigation par gros temps aux abords des Caps, des pointes, des extrémités, on pensa jalonner l'Île de Corse de Phares et de Sémaphores habités. Des bâtiments magnifiques, édifiés selon un semblable dessin architectural. L'harmonie et le soucis de l'intégration l'auront emporté !
D'UNE GRANTE UTILITE / COMME UN ACCUEIL
Le Phare de la Giraglia aura été commencé en 1839 et fut mis en service en 1848, le Premier Janvier ! L'Extrémité Nord et Sud de l'Île se verront providentiellement gardés, surveillés et les navires purent y croiser plus sereinement. Notons que les petits ports de Tolare et de Barcaghju, à l'extrême pointe Nord du Cap Corse accueilleront cette veille humaine et technologique avec joie puisque les Cap Corsins naviguaient, échangeaient, vivaient principalement de la mer en sillonnant les côtes Est et Ouest du Cap, depuis Centuri jusqu'à Macinaghju et plus loin encore en gagnant les eaux de la mer de Toscane et son vaste archipel. Ils y avaient aménagé quelques comptoirs très utiles en cette région où tout semble éloigné de tout !
Avec la Navigation à Voile, des courses-croisières en haute mer prestigieuses comme la GIRAGLIA, le Tour de Corse à la Voile sans assistance, ce Phare toujours habité en 1992 était d'une très grande utilité ! Une âme veillait le jour et la nuit, une présence : vigilante, bienveillante, une voix, un écho rassurant dans la tempête. Toute la dimension humaine et la noblesse d'une fonction oeuvraient ici pour la sécurité, la survie des gens de mer, ce " supplément d'âme " qui sur les étendues désolées à la fois apaise et informe, guide aussi le marin en scrutant avec lui les horizons, au vent, sous le vent.
Une île à part, certes ! Elle aurait été occupée pendant des siècles ; les ruines d'une Chapelle San Pasquale et un Oratoire Santa Maria en témoignent ... l'Île Verte, longue de 800 m et haute de 68 m, recèle des biotopes rares, endémiques ; un joyau, un écrin posé sur le velum et le glacis de l'azur...
DES PERSPECTIVES PEUT-ÊTRE / INNOVER / RÉHABILITER LA FONCTION
A Giraglia a été aménagée pour les fonctions qui lui ont été dévolues, selon les aléas de l'Histoire, alors que le phare splendide qui jouxte la vieille tour Gênoise, - bâtie et terminée en 1585, Tour Littorale construite sur trois niveaux -, a été fermé, automatisé, laissé dans un quasi abandon ; Sur les dernières images, il semble fissuré dans sa partie basse. Ces larges fenêtres sont closes ! Décrépi, terne, le phare est muet, il ne répond plus et ne veille que par codes et occultations, " piloté " depuis la ville de Bastia ...
Mais cela ne suffit toujours pas car, malgré le GPS et l'automatisation, la fréquentation des bateaux croît d'année en année. L'imposant édifice a été en outre bardé de panneaux solaires.
Une double rangée masque une partie de l'édifice, au-dessus des habitations, à la naissance de la haute tour tour ; ce qui l'enlaidit, forcément. Une disposition qui aurait pu être évitée en plaçant ce dispositif ailleurs, plus bas, à même le sol par exemple ou encore dans un endroit peu visible des côtes.
Comme il est regrettable, surtout en mer, sur une île si bien placée et au vent du Cap Corse, alors que celle-ci dispose de tous les aménagements requis, pour une superficie de 10,3 Ha, de ne plus envisager la réhabilitation de ce Phare dans ses attributions, entièrement et surtout réoccupé par un personnel qualifié, en charge d'un complément de veille et de surveillance pour la vaste zone marine mais également soucieux de la protection du biotope... Cela constituerait une exception mais aussi un surcroît légitime et très efficace de services .
L'on pourrait dès lors concevoir un lieu d'études et de formations , - sous la forme de stages de haut niveau -, pour les futurs opérateurs de Phare et de Sémaphore qui, _ sur la base du volontariat ou dans le cadre de stages de certification _ , viendraient sur cette île y passer quelques jours bénéfiques à la mise en situations sur le réel.
Pourquoi ne pas y organiser des sessions poussées d'études et d'observations pour la nature et l'environnement à destination d'un personnel qualifié, ressource, formateurs ?
*** Une idée, comme cela, jetée à la mer, à qui voudrait bien l'entendre et la faire fructifier ; pourquoi pas ? Une exception insulaire, un accueil de ce petit bout du monde dès plus opportuns, surtout par coups de vents, lorsque le navigateur hauturier se doit au plus vite de doubler le Cap Corse et ses vents catabatiques redoutables qui dévalent furieusement les profondes et hautes vallées.
CORSICA...GO56
rédige cet Article afin qu'il soit un jour peut-être retenu dans ses orientations, sur la route du retour et de la renaissance de la vie en Mer ; ainsi nos écrits auront été certainement lus et entendus suite à la contribution déjà réalisée au sujet du Sémaphore de Senetosa sur notre Espace Corsica...Go56, un article qui en son temps aura été largement entendu et, pour causes !
MARIN
Photo Ci-Dessous / Corse Matin - Les derniers Gardiens de Phare _ 1991
Juste avant la nuit, lentement plongé dans le crépuscule hivernal, une ombre semble flotter, tel un bâtiment qui vogue ! Un vent furieux dévale les monts du bout du Cap Corse. Il fait froid. La mer, au premier quartier de lune, blanchit, semble fuir et emporter avec elle la silhouette fantomatique d'un imposant vaisseau...
Ainsi, de l'Île Verte, a GIRAGLIA. Vient alors le temps des messages prodigues et salutaires de la nuit profonde, de l'autre ciel, aux grands voyageurs
!
MARIN
Les Phares
2 ème Ecriture le 04 Février 2022
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