I CHJAMI AGHJALESI !...
De très nombreuses aires de battage, en Corse, se trouvent au bord de la mer où non loin ; comme si les hommes et les bêtes avaient compté sur les vents et la brise pour travailler la récolte, la moisson. Parfaite harmonie qui de l'étage marin aux plus hautes montagnes honorait la Nature.
Écoutez ce Chant revenu du fond des âges insulaires. Son interprétation, ici, est remarquable. Mais, retrouvez aussi ce Lien, vers ce Blog référant un bel article sur le sujet :
http://arustaghja.canalblog.com/archives/2007/12/12/7206057.html
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" ... Battez le blé, les bons boeufs,
Travaillons ensemble
Car le blé est pour nous
Mais la paille est pour vous.
Sécheresse, ô sécheresse !
Que la paille devienne poussière,
Devienne poussière et devienne blé.
Pour faire des pains et des fouaces ô, ô, ô…
En avant, en avant !
Vingt sous font une lire,
Une lire fait un franc,
Je suis épuisé, vient me remplacer ô, ô, ô…
Tourne et vire et tourne en rond
Que le « tribbiu » aille au fond,
Au fond et sur le dessus,
Tourne et vire comme avant..."
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In i Tempi Landani ! Dans les temps anciens
...
L'Aghja, en Langue Corse, veut dire l'aire de battage. I Chjami Aghjalesi seraient appels, d'une aire à l'autre, unifiant, unissant le travail des hommes à la terre, i Tribbiadori ! Il s'en trouve par dizaines en Balagne, vers le Nebbiu, le Niolu et le Cap Corse, les Agriates aux mille paillers...
Une présence à la fois ancestrale et si familière. Certaines seront restées intactes, d'une régularité et d'une beauté parfaites. A leur entour immédiat on trouve l'atelier qui servit aux tailleurs de pierres. Ils y ouvrageaient le dallage, à l'intérieur de l'aire.
Le Désert des Agriates, jadis grenier à blé, compte de somptueux exemplaires d'aghja. Ces lieux où convergeait le fruit des moissons était aussi l'occasion de tout un rituel champêtre, de chants et de repas dignement arrosés, de rencontres de circonstances. On imagine, au fil des vents locaux, voix et bales s'envolant à l'unisson vers l'azur de la mer de Balagna et de Ligurie. La ronde lancinante des bêtes libérait les grains des épis dorés et chargés. Les hommes et les femmes costumés comme au temps de l'avant-guerre, inlassablement apprêtaient le visage d'une terre si riche et si prodigue.
Alors, pour illustrer le propos et le souvenir d'un temps qui n'est plus que commémoration saisonnière de l'antique évènement, voici une Aghja splendide, totalement préservée, dont on ne saurait dire l'âge. Elle se trouve vers A Punta di a Revelatta, au Sud de Calvi, flanquée à même un coteau qui dévale vers la mer. Image quasi insolite ! Paysans et cultivateurs, ici, partageaient le cours d'un temps rythmé par les brises marines et les puissants coups de vent : le Libecciu.
Où étaient leurs masures, d'où venaient-ils ? Rien, en ces lieux, le laisse supposer. Cette aire de battage offerte aux ciels de Balagna perdure sous les étoiles et la pluie, entonne à la ronde le chant des Tribbiadori, ( Batteur de céréales ), dont nous vous proposons la merveilleuse interprétation de Petru Guelfucci.
Ode à la mémoire, à la poliphonie, au patrimoine, à la pierre taillée et à ses ravissements, à l'intégration parfaite qui jamais n'eût blessé ni entaché le regard de la terre vers la mer. Composition séculaire, inaltérable : la terre de Corse resplendit à ces ouvrages révélés, réhabilités, honorés et aimés pour nous avoir légué tant de beauté et d'authenticité.
Ne l'oublions plus, ne défigurons pas notre Terre qui n'est pas Côtes de tous les azurs ou qui ne se vendrait bien que l'été ! Soyons et redevenons ce que nous aurions toujours été : épris de beauté, d'amour et de nature, respectueux des égards de nos Anciens...
MARIN -
Pour CORSICA...GO56
Pour l'amour de l'Île de Corse