30 Milles Nautiques en cette journée du 6/12/1992, parcourus au vent de Travers entre l'Îlot Piana et Santa Theresa di Gallura... Dans un quasi anonymat, ils étaient pourtant les enfants du pays, jeunes et investis d'une noble et digne mission ; prendre part à la lutte contre le handicap des maladies génétiques ! Ils avaient entre 16 et 19 ans, 10 sur la ligne de départ naturelle et, déjà, " larges d'épaules " ! On The Road Again pour écho, mais cette fois-ci, sur les flots ...
LE RECIT
Pour ne pas dire " INTER-ÎLES " ! INTER-ÎLES, c'est l'histoire de quelques jeunes épris de liberté, de passion marine, souhaitant aller à la rencontre d'autres hommes et partager le même message de solidarité et d'empathie !... Nous étions en 1992, depuis l'Extrême-Sud de l'Île de Corse, sur le banc de sable de l'Îlot PIANA, vers les rivages de CIANTARILLA, à l'époque largement préservés. Rien, là-bas, n' eût évoqué la voile libre !
Le 6 Décembre 1992, une petite flottille composée de DIX PLANCHES s'élançait de ce même banc de sable, par vent d'Ouest établi à la force 5 Beaufort. Un jour du mois de Décembre que l'on vouait déjà au TELETHON ! Certes, ce projet minutieusement charpenté n'aura jamais eu l'écho de la presse !
Con-signe à respecter sans discussion, un préalable con-sacrant les travers d'une hiérarchie frileuse ne sachant pas comment agir sous cape pour étouffer dans l'oeuf l'initiative heureuse et novatrice d'un responsable non seulement sur-diplômé et actif, mais aussi investi auprès des jeunes qu'il enseignait.
Le Préfet Maritime donna pourtant les autorisations requises. Quant à la SNSM de la Micro -Région, elle nous assura le convoyage sécuritaire, jusqu'à la grande plage de Sta Theresa di Gallura, dans le Nord de l'Île de Sardaigne. Aucune photo, hélas ! Un seul accompagnateur sur site fit office " d'indicateur ", dont les prérogatives devaient s'arrêter au signal du départ et à l'arrivée de la flottille, sur le sable, vers les 16 heures locales.
Des Lycéens, un voileux en guise de guide et le bateau suiveur paré à toute intervention ! A 11 heures locales, la corne de brume résonna sous un franc soleil ; nous partîmes ensemble, laissant derrière nous les rivages éblouissants du Piale, - Causse -, bonifacien, les hautes falaises et ses phares. Dans les lointains, la grande chaîne de montagne brasillait comme les côtes insulaires ceintes de leur chant d'écume, sur fond de ciels bleu-roi ; l'Incudine rayonnait de blancheur délinéant alors l'horizon des montagnes enneigées. C'était il y a 24 ans, déjà ! Le tout premier INTER-ÎLES !
A mi parcours, au coeur des Bouches de Bonifacio, tout à l'encontre des prévisions météorologiques locales, le vent d'Ouest faiblit ! Il faisait froid. La mer agitée faisait se cramponner les jeunes véliplanchistes sur leur wishbone glacé. Les premières onglées apparurent, il fallut embarquer à bord de la vedette quatre des dix aventuriers.
Il faut dire que nous allions en délégation porter nos dons en Sardaigne, rendre compte d'un mouvement de solidarité sans frontières. La planche devenait entre les Îles un merveilleux outil d'investigation du milieu naturel exceptionnel qui nous entoure mais aussi l'occasion de se rencontrer, de fraterniser, de semer cà et là quelques inclinations à la bonté, à l'empathie, comblant ainsi les sillons de l'espérance.
Lorsque nous parvînmes près de la grande plage, le vent ne passait plus ; les derniers intrépides parcourent la distance à la nage, tractant le matériel. Sur le sable, une mission Sarde nous attendait. Le soleil bas dardait ses rayons tièdes ; nous avions si froid ! Nous fûmes gratifiés d'une caisse généreuse d'un bon vin Vermentino de la province de la Gallura qui fut sitôt embarquée à bord du canot.
Nous échangeâmes nos idées, les élèves bilingues se livrant à toute traduction utile. Puis nous eûmes le vrai mot de la fin ! Le comité d'accueil Sarde devait saluer le Team Sportif Windsurfer pour l'exploit réalisé mais sans avoir réellement compris, cerné le sens de notre démarche qui s' inscrivait dans les tout premiers Téléthons.
Le réseau de communication, le circuit de l'information ayant été réduits à la plus simple expression des moyens mis en oeuvre, ainsi contraints et forcés par les petits caciques intrônisés et infatués, ne laissèrent que peu de chance à l'Inter-Insularité susceptible de s'exprimer clairement, quant à la réussite et aux échos de ce beau projet !
Aujourd'hui, je reviens non sur l'évènemment mais vers les souvenirs ! J'aurai souvent sillonné entre les Îles du vaste Détroit, par tous les temps ! Voici quelques évocations. Se rappeler aux nobles ressources d'une pratique, à la richesse de ses vecteurs sans le fard, le paraître, le drapeau Naish et ces oriflammes raid-bull qu'on arbore sur le 4X4 blindé de matos, la Ray-Ban polarisant son Monde et qui parfait la panoplie du parfait Fan ne jurant que par les Îles Hawaïi...
Non, en ce temps là, à travers les immensités dédaléennes du Détroit, il est toujours des circuits merveilleux, féeriques, abandonnés à la transe des dauphins, des puffins, des rochers érigés en bestiaire minéral hallucinant toute évasion ... Je pense à ces élèves ! Combien avaient-ils été heureux de donner un sens à cette traversée engagée. Les parents me firent confiance, je les en remercie encore !
Cet élan fut, à mon grand regret pour les jeunes, étouffé ! Le lendemain, rien ne figura à la " une " de la vie sociale et affective de l'établissement. Le pli adulte de l'ignorance et du mépris fut dès lors pris, instauré à l'encontre de cette initiative, mais plus encore, de la personne qui l'initia et la porta jusqu'au bout, sans le moindre aléas, la moindre des aides institutionnalisée !
L'engeance mauvaise, plus encore, le mépris valurent désormais pour celui qui fit dans l'inhabituel, le sensible, l'acceptation des différences, le partage, l'humilité, le Handicap.
Remerciements au Surf Shop de l'époque, le Magasin ALIZE et son directeur : D.CASTELLI qui nous fit tant de facilités, qui nous prêta le matériel manquant ! Nous n'oublions pas ...
" Petit Gibus "
Pour
CORSICA...GO56
Point de course, de record ! L'invisible pour phare, qui ne se voyait qu'avec le coeur ... Le Matos entièrement contrôlé, réglé ; un choix de voiles laissant une large plage d'utilisation. Sans oublier le déjeuner plus que copieux, tôt le matin, et les en-cas nombreux, la boisson chaude, jusqu'au seuil du partir.