LE FAISCEAU DE LA PUNITION !...
RÉCIT
FORTUNE DE MER
Le ciel avait concédé un signe et, non des moindres... Encore eût-il fallu l'interpréter à temps ou justement ! Mais le chant des vagues lointaines emplissait un cirque azuré, une arène élyséenne absolument fascinante et déroutante.
La tempête, une puissante Bora, avait balayé le ciel en charriant vers le sud nuages et grains sombres. La scène devint si attirante qu'il ne pût se résoudre à demeurer à terre, à néantiser.
Le soleil s'invita alors généreusement au profit d'une tiédeur toute relative, rompue aux froides bourrasques du vents du Nord. Les îles du détroit rimaient avec les blanches solitudes de l'embrun et la longue houle qui inlassablement les festonnait.
Il vérifia chaque point névralgique et chaque détail de son précieux matériel. Puis, il élança sur son esquif, comme à l'accoutumée, regagnant le vaste champ des vagues. Il fut très vite emmené par les arcanes bruissants d'un somptueux ballet.
Au coeur des vagues cristallines, jamais à bout de souffle, alors qu'il allait l'amble de l'onde et de la risée en remontant face aux épais rouleaux d'écume, dans un silence affranchi de tout artifice, plusieurs vagues parvinrent à ravir et à éloigner " Circée ". Elles l'emportèrent dans le lit du vent, vers la nuit sans fin d'un abandon total, malgré son habile nocher, orpheline de son aile pourpre !
Il sut comme il vit d'emblée l'envergure du faisceau de la punition, quel en serait l'implacable verdict : temps fort de sa folie solitaire tant redouté ; et pourtant, combien de fois aurait-ils croisé ensemble et seuls par ces prairies marines florissantes, sans aucune fortune de mer qui les en n'eussent jamais dissuadés !
Faut-il pour cela renoncer aux grands espaces de l'extrême ou de la folie ? Certainement pas, l'absolu est à cette mise sans aucun prix qui vaille la comparaison. On n'achète pas la joie, la révélation, l'osmose et la symbiose qui unissent et lient aux fondamentaux de l'idée de Nature, à ce concept d'immanence ubiquiste.
" Circée " désormais dérive sur quelque moire azur. Elle demeure échouée sur le sable ou aurait été drossée contre les rochers battue par les lames ? Qui sait, aura t-elle fait le bonheur de quelque probable inventeur perpétuant la mémoire des origines animées d'une foi profonde
!
MARIN - Fortune de Mer -
" ... Elle participait du chant de vagues sirènes ou du moins y était-elle attentive. Ils allaient au plus près des songes et des vents souligner, révéler d'étranges floraisons. Ils s'enivraient d'azur et de ces champs absinthes mélodieux où folie et déraison s'ébattent sans fin, à la vie, à la mort, nûment, véritablement saines ...