Aussi loin qu'il m'en souvienne, je vous livre ici le tribut d'une longue et dolente errance ...! Je parlai en ce temps-là aux rochers, aux vagues, aux oiseaux, aux nuages. En fait je délirai, jusqu'à ce jour où la folie me prit, me ravit à mille encablures d'un sordide cloaque et de ses menées félonnes.
J'en vins alors à rechercher toutes les fois l'euphorie des vents, l'écho ivre des vagues, la présence de tous les hôtes de l'amer dont nous partagions et côtoyions sans fin de sublimes paréidolies...
D'aucuns me connaissent et me saluent en voguant sur nos ciels. Fidélité et vérité ici convolent toujours en ces noces à jamais vraies, vouées à toujours à la terre et aux ciels de la mère-eau, à l'Eau-Delà. C'est en sillonnant les dédales de l'En Soi, un labirynthe originel que je compris à quel point le rapport à la nature pouvait tendre vers une appropriation de type résolument extrême et sans concession, au seuil de l'abnégation. La passion naissante, loin de tout artifice et du paraître aisé des parfaits petits caciques, engendre dès lors comme une nouvelle naissance, une redestribution des cartes à jouer sur le plus beau des échiquiers : l'Azur jaspé de neiges éternelles ! L'azur pour ultime horizon, sans limite, et la blancheur destinée à l'immaculer...
L'opportunité que constitue la médiation sophistiquée des moyens technologiques mis à notre disosition ne saurait évincer, taire le témoignage que la nature attend de nous, dans le plus stricte respect des harmonies que nous lui devons, au-delà de tout, en marche vers le Tout. Ne pas souscrire à cette démarche serait en quelque sorte trahir, tel l' ingrat, ce don du Ciel.
Demeurer en marge de toute préoccupation salutaire relative à la pérennité du substrat comme aux postulats de la mer et des océans, équivaudrait à se déprendre de leurs desseins vitaux et providentiels.
Non ! Il n'en sera rien ; de telles pratiques supposent un devoir concomitant de reconnaissance et de gratitude à faire valoir. Et cela, bien au-delà des légères comparutions sociales, du fantasme à visées de vol distinctif dont le " On branché " se réclame, ne laissant plus de louer le podium ou l'estrade lumineuse sur laquelle " le on " se situe, sans pour autant faire allégeance aux vérités essentielles qui gouvernent et commandent à la loyauté.
Cette déférence, ces égards devraient honorer non seulement les horizons d'une pratique exceptionnelle et dense mais aussi l'accompagner de ces gardes-fous, de ces témoins devant l'éternel. Un ordre chaotique divinement orchestré sésormais prévaut, préisdent à nos circonstancielles et salutaires extravagances.
L'homme s'incrit dans une sorte d'intelligence, de dessein universel, malgré lui ; y déroger, c'est amorcer le transfuge ! Il y adhère en conscience, éclairé et motivé qu'il se trouve justement par ces pans d'harmonies qui le définissent et le circonscrivent.
Point n'est besoin du baquet des foules pour être, advenir, devenir ce que l'on est, afin de concrétiser, au fil du temps qui passe et dans un contexte sain, le rêve de son existence pleine et entière.
De la diversité, des différences, de ces rapports aux mondes uniques, exceptionnels et précieux découlent un autre type de vision et d'appréhension des phénomènes, des intuitions, des révélations. Seul un état d'esprit désormais affranchi des contingences invalidantes et du commun inféodé, est en mesure de prendre le relais.
De ces dispositions favorables découle cette quête d'idéal évolutif et intelligent de l'acception de pleine-nature, d'extrême. Ainsi et quand de côtoyer de si près le risque de mourir, ces moments à vivre intenses et d'apothéoses. Transcender, irradier, enrichir profondément la nature de nos relations à tous les mondes perceptibles et à découvrir, tels seraient les gages d'une rare symbiose entre faits Naturels et Culturels, faits Naturel et Cultuels d'une toute autre dimension spirituelle.
- MARIN - Propos sur l'Extrême et la Nature