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 Point d'artifices mais les sublimités de l'étant.  Ailleurs, dans les villes, le gain a dévoré le sablon, y parque ses blocs surchauffés de ferrailles, dresse des murs hideux près des égoûts déversant dans la mer le miasme et le mégot. L'opacité  de l'eau n'a d'égale que celle  des menées opaques, glauques qui tintinabulent depuis les tiroirs caisses ! Qu'importe, la curée et la grand messe sont de circonstances et ravissent les masses aveugles, pour un temps  décérébrées, assoiffées d' une authenticité ravagée ; dernier bastion qu'un appétit vorace guette sous le coude des marchés juteux et des crachats  sur l'état de Nature.

 

Que de franges littorales aux parfums d'oasis défilent depuis le bord du canoé indien.
Ivre de cadence, voguant au diapason des flots, nous vaguons  et  musons 
à  la lumière de l'été.
Ornons, voulez-vous, ces mots d'images et de senteurs que les îles affectionnent,
fut-on déjà loin au large des cimes mordorées
qui ne laissent plus de regagner le ciel !
La pierre et l'eau rayonnent aux confins des extrêmes et de la transparence.
Et le sable en cristaux bigarrés rend à l'azur son content d'éclat, d'éternité.
Thébaïde naturelle ; le silence, l'antre minéral peuplé de visages
et de silhouettes entonne le chant des îles mystérieuses,
la lointaine scansion des voyages antiques.
Les oiseaux y nichent encore, innombrables, bercés par la brise marine
coloriant à l'envi de sublimes camaïeux. Nous sommes loin de tout.
La pagaie double, le pas lent des songes honorent en chemin,
au hasard d'une rencontre ou d'un trille,
ces tombants d'harmonies primaires. L'instant n'a plus d'âge,
définit comme il circonscrit pleinement le cours des saisons, des reflets
qu'il importe de caresser, de humer, d'entendre, de goûter, de voir, au-delà
des sens, vers plus d'essence et de plénitude.
Ainsi de fouler le sol qu'inonde un miroitement de source intarissable ;
de sentir crisser sous ces pas le grain pulvérulent de silice et de feldspath ;
d'abandonner aux vagues l'empreinte et le sillage mélodieux d'un désir,
d'un souhait que la volonté emmène jusqu'au ravissement de l'éclipse solaire...
Vestiges, métamorphoses, il est ici comme un appel des dieux aux hommes
mutants ! Puissent-ils l'entendre, en saisir la voie, afin que tous se hissent
vers les plus hauts sommets de la pensée et de l'harmonie.

§ 

 

MARIN

 - En Prose - 

2 ème Ecriture le 14 Septembre 2022