EN CADENCE ! ...AVEC G. NEMO !...
Les semaines se suivent et se ressemblent sans l'ombre d'un nuage ; pas d'eau, la sécheresse est totale, blesse, ride, épuise ...! Sur la mer d'ordinaire fraîche, les températures suivent celles de la terre. Les thermiques s'essoufflent, la chaleur est accablante sous le voile crasseux de nouveaux nuages ...
Loin de se plaindre, de se lamenter, fustigeons, dénonçons, crions haut et fort la révolte, la désapprobation, l'exaspération face à l'OPA, le dévolu sans merci auxquels se livrent les grands sur la Terre...
Des mouches sont dans nos oreilles, bourdonnent à huis clos. Quant aux moustiques, ils accourent de tous les horizons contaminés ; vols sans frontières pour des mondes désormais à portée de la main, mondialement infectés et modifiés.
Des pieds et des jambes lourdes qui peinent à nous porter, les tiques, la tique remontent le cours d'une infection que les séides ignorent, feignent d'ignorer depuis Lyme... Point d'eau, de pluie, de ruisseau, mais la carrière, la décharge, les haltes d'aisance innombrables à ciel ouvert ...
Le bord des routes, en plaine comme en montagne, n'est plus qu'un interminable caniveau, un fossé que les ordures jetées par les fenêtres des voitures comblent au fil des mois de l'été.
N'empruntez plus les sentiers car le feu menace et si ce n'est pas l'incendie, il vous en coûtera les aigreurs, les spasmes que l'odeur de la merde et du papier répandent, abandonnés en cours de chemin de grandes randonnées, de la mer aux sommets, d'une mer à l'autre.
Consternation !
C'est ainsi, on y peut rien ! Voici l'erre d'un temps que les profits masquent et semblent tolérer.
Dès l'aube, un tour d'horizon s'impose et le regard bute sur une frange épaisse de brouillard posée sur l'azur, une bande orangée, impénétrable, nauséabonde et moite . Au ponant comme au levant, c'est la même donne, la même rançon de la monnaie en marche, plus que jamais !
Alors oui, Mal aux Mondes, Mal de Terre, de ces saisons qui ne sont plus que le spectre d'elles-mêmes. La poussière, les particules, la fumée, d'autres fumets, les cendres se mêlent à l'air d'un temps qui n'est plus que l'ombre de l'apocalypse.
Attention, ne jouons pas avec l'impudence, la prétention, l'irresponsabilité, cette mégalomanie instituée au plus haut-niveau et qui sourd comme elle suppure sur le terreau fertile de la mesure, de la sobriété et de la sagesse que l'esprit de la Terre invite depuis toujours.
Alors, de prendre un peu le temps de voyager, de se poser quelque part, vers un lieu sans nom ni autre accès que les flots et les vents porteurs ; qu'importe la distance, le tonnage, l'apparat quand de s'accorder les surprises de l'imprévu. Et d'avoir pour un instant épargné l'étant en voguant, touché terre, appareillé aussi, humblement, à bord d'un esquif, d'un penser.
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Journal de Georges NEMO
Pour
CORSICA...GO56