" IL FAUT IMAGINER SISYPHE HEUREUX "
A-CAMUS
" Tirer des bords entre deux rives ne suffit pas ; il faut y adjoindre la voie- voix de l'empreinte, de la trace, les occasions de partages, sans quoi tout serait vain ! "
En guise de Préambule
Que seraient l'existence et le quotidien des servitudes et du temps contraint sans la poésie, le chant, la peinture, la musique, la sculpture, la danse, les pratiques extrêmes, l'abnégation et toutes les formes de spiritualités, d'amour pour son prochain, nos compagnons d'aventures : j'ai nommé les animaux, les plantes, les grand espaces vierges ?
Qu'adviendrait-il de nous, alors privés des rapports à la nature première, de la joie concomittante qu'elle nous inspire si nous ne pouvions partager ébats et découvertes ?
La question demeure entière, cruciale, fondamentale, aussi lointaine que les origines de l'homme debout, que le premier outil, le premier mot, le premier homme, depuis la toute première relation à l'autre et à la terre du commun
!
Écrire, relater, témoigner, livrer ce que le coeur porte de poésie et de clarté au sein même de la diversité et de l'harmonie : oui, quel plus beau dessein ?
Pourquoi dès lors ne pas laisser libre cours à la pensée, à la spontanéité, à l'aventure humaine pacifique et respectueuse d'autres choix, quels qu'ils soient !
Mais dites-moi, écrire, pour qui ?
La belle affaire, nous dirions trivialement de façon humainement et tristement superfétatoire : " Du caviar aux gueux ", les jours de fêtes, d'agapes pantagruéliques et de crèche malvenues, jurant sur les tristes réalités d'un quotidien d'injustices notoires !...
Cette interrogation vaut comme la question in-con-grue à ne pas poser et qui invite sur le plateau de la sincérité et de ses profondeurs, le jugement, la jalousie, l'orgueil et la vanité, sans oublier les rumeurs infectes, infamantes.
Le silence est d'or dit l'adage ; la messe est dite ! Et rien ne changera.
Aussi, qu'importe le fait d'être lu ? Attirer les feux de la rampes, susciter toutes les formes de célébrité ou d'intérêts lorsque l'image télévisuelle se consacre justement et exclusivement à la notoriété devant tirer vers elle les masses médusées, les masses asservies. N'avoir pour seuls référents que la scène et le spectacle, les " people " comme on entend çà et là, les vitrines ?
NON
Chaque être humain bon et en paix, en conscience, trouve la Lumière intérieure, apaisante, dès lors que rayonnent autour de lui, humblement, les versants et les possibles rivages d'une autre forme de richesse ... Celle qui serait véritable, qui ne se voit pas, fort heureusement. Le comprendre approfondit le sens et l'appropriation discernée des plus simples choses.
Alors, Pourquoi ? Comment ?
Jusqu'où révéler le message qui mérite de l'être, oscillant entre l'en-soi et le néant, l'unique et le Tout, l'existence dans la durée en quête d'éternité, l'esprit voué à la transcendance à laquelle ne jamais échapper, Dieu merci ?
Passer, traverser la vie à se chercher, à se réunir indéfiniment pour enfin mieux entrevoir et embrasser les mondes qui nous entourent, dont les différences qui comblent le vide et celles que nous devons éradiquer pour avoir tant brisé, blessé, meurtri l'âme et la condition humaine et animale. Tant de réalités qui opposent trop souvent, encore et toujours. Questions d'histoires et d'intervalles temporaires !
La dialectique des rapports Nature - Homme pour socle commun, pour référent tutélaire sur lequel on peut désormais bâtir et animer des relations saines et pures, en toute loyauté avec les manifestations de l'étant, constituent en fait l'occurence existentielle plus que jamais souhaitable, un horizon prodigue.
Laissons de côté le royaume des interprétations normées, des faire-valoir, des illusions passagères dont le paraître et le superficiel s'accaparent et commandent aux facéties parfois révoltantes.
" Hâtes-toi d'écrire " disait R. CHAR ! Ô combien avait-il raison ...
Certes, le sujet qui écrit s'expose aux railleries, à la critique aisée, malgré lui, tout en le sachant. D'aucuns le lui font savoir avec force silence, indifférence, voire même : mépris. La rumeur accourt pour souiller la teneur du message, quel qu'il soit, bien aux dépens de ce qu'il est sensé apporter, donner, offrir en partage de saines observations, révèler de lumineuses naturelles.
Ce qui échoit hélas ! demeure et relève de la contre-utopie, de la désespérance que le jugement de valeur engendre, de cette inclination infecte à la perfection du parfait artifice dépouillé des choses sensibles, arborant comme l'oriflamme des parfaits con-quérants la certitude intangible d'un réel voué aux gémonies de la prétention, de l'impudence, de l'hypertrophie du rêve de vol social fondé sur l'exclusivité de la distinction ...
C'est bien le constat qu'il convient de dresser d'une réalité en marche destinée à blesser, à évincer, à railler. Le coeur et la compassion s'absentent.
On se situe comme on attaque désormais derrière les louanges de la méritocratie, c'est à dire de la confiscation systémique par la minorité de tous les biens que les rouages esclavagistes actuels autorisent, sur le terreau, le lisier des inégalités institutionnellement patentées, reconnues, validées.
Conspuons tout cela, con-chions ces gabegies, prenons le contre-pied de l'embrigadement, du standard et de l'uniformité soumise.
Prenons l'autre voie du rêve, de la poésie et des arts. N'y découvre-t-on pas cet océan de charmes, d'incertitudes, de révélations qui convoquent le partage, l'échange, cette joie justement à occuper une place unique, indispensable comme essentielle à l'autre, à l'expression d'un tout harmonieux : la voie de la Liberté, de l'inhabituel, de la recherche et de la quête permanente de spiritualité.
L'exercice du corps, quel qu'il soit, ne mène nulle part ailleurs qu'au naufrage dès lors qu'il divorce de l'âme.
De là s'alléger du fardeau de durer, s'oublier et lâcher prise afin de rendre perméable cet interface numineux, mystérieux par lequel nous communiquons avec l'énigme, entre questionnements et découvertes, en toute sérénité et sans vérités tracées, d'où qu'elles viennent. Et le langage, l'écriture, la pensée furent !
Horizons
Hissons-nous à l'orée de l'épilogue, du bilan, pour ne pas dire de la confession intime qui nous posent devant le miroir, le matin, sans détourner le regard, à l'aube d'un ailleurs, de l'au-delà.
C'est une démarche, une vision des choses simples, impérissables et solennelles que nous suivons en ouvrant maintes portes et fenêtres sur les Mondes, sans à priori ni préjugés, bien au contraire.
Des arts aux pratiques les plus extrêmes, ne sommes - nous pas les mieux placés pour apporter ce " supplément d'âme " cher à H.Bergson, allant toujours plus loin que de raison, au-delà des dogmes, toisant les limites terrestres de l'éphémère et de la courte durée inféodant l'esprit de basse-cour ?
" Le roseau pensant " aurait-il réussi l'évolution, à la solde de son génie, de la richesse et du pouvoir, laissant en chemin et sur le bord de la route l'âme à la dérive, reléguant inévitablement l'univers sensible au rang des enfantillages, d'un univers impitoyable et sans concession, comme s'il confirmait par là et à ses fins le caractère et l'existence inéluctables du bien et du mal, le rapport exclusif et total à l'argent-roi, se réclamant de la damnation biblique du travail, unique tutelle tangible, sous le couvert complice de la raison et de la foi dévoyées, acquises aux effets de la cause matérielle et par trop humaine.
N'existerait-il pas d'autres alternatives enfantant plus d'équité, de justice, de répartition des biens et des ressources de cette pauvre vieille planète Terre aux abois, risquant l'asphyxie imminente, au seuil de l'implosion démographique et technologique, ravagée, odieusement travestie, livrée aux " bêtes immondes " ?
Le XXI ème siècle se devait d'être spirituel ! Il n'en prend certainement pas le chemin. " ... Les maîtres ont encore une âme de valet ... " Ainsi de la Condition Humaine livrée à elle-même et aux limites que l'existence inflige au libre-arbitre, garantes, gardienne des plus lointains atavismes ...!
" GALBI "
Pour
CORSICA...GO56