OMEGA !...
NANGA PARBAT / HYMALAYA
Ce Chant Tibétain, comme une prière, par-delà les 8000
!
OMEGA
Comme un appel irrépressible
du toit du monde
auquel ils répondent
tous les deux
à la vie au-delà de la vie
En vertu de l'alliance
que scelle l'iris radieux d'une quête
cet iris exalté serti de cristaux de givre
qui nous parle
des confins d'un silence pulvéral
Comme un pacte indéfectible
qui miroite au faîte d'un rêve
hors du réel
poursuivant sans fin
ces menées aériennes et nitescentes
qui de la terre jusqu'au ciel
comblent le mutisme de l'Azur
Vienne l'ascension une voie
de pureté immaculée
dont les doigts de la main
nombre si peu d'issues vitales
quelques possibles
où la clémence
lointainement vague
aux balbutiements du salut
telle une question essentielle à l'infini miséricordieux
On en revient pas du tout
ou peut-être orphelin
l'un de l'autre
mortellement blessé dans le coeur
et le dictamen de la conscience
La mise reste déraisonnable
hors-jeu sans limites tangibles
Et qui ne l'admet
rompt à la parole donnée
au désir irrévocable de la montagne
Quant au succès de l'aventure
il rayonne une fois rendu
à l'évidence de la plaine
apaisant régénérant
aux lueurs de l'extrême défi
que la montagne sacrée dévoile
en ce don de soi relégué pour toujours
dès les premiers mètres de cordée
au tréfonds de l'être
Ainsi et déjà ne faire plus qu'Un
Le Nanga Parbat fascine
La " montagne tueuse " brandit
dix lettres qui résonnent
comme un verdict la sentence
chue d'une hauteur impitoyable
depuis ses congères sommitales
hallucinant de perpétuels nuages
quelque pénitent obstiné
oscillant indéfiniment
entre la pente
et la sente des jours montueux
Quand le temps l'espace la nuit
sont à l'ivresse hallucinatoire
de l'altitude
Au nom de la narcose des profondeurs
de l'éther
des morsures du froid
l'aventure demeure
transcendantale
et sans l'artifice
à l'instar de l'apnée libre
de la descente aux enfers
de l'intrépide dévalant la vague géante
L'élévation transmue
l'euphorie tutoie l'anabase
L'abnégation ouvre alors
d'étranges vantaux
Vertige légèreté
Est-ce l'âme qui émerge tout là-haut
lorsque que le corps
ne répond plus
aux sollicitations du souffle
et des sens communs
Révélation consécration dépassement
qu'importe
Ils projettent de s'en retourner
de l'improbable
de l'impossible
de l'imprévisible
des seuils caverneux de la mort
de la fulgurance d'un instant de vie
que l'on cueille dans les étoiles
humblement jusqu'à la folie
un à un comme les pétales
à la corolle de l'azalée
malgré la gelure noire
l'insupportable onglée
Dans cet univers figé
d'abrupts de dalles et de tombants glacés
sans autres issues que le royaume réfringent
des neiges éternelles
aveuglant crêtes et sommets
pas à pas l'alpiniste gagne en vérité
vers plus de lumière
encore une fois
un peu plus près du ciel
sans autre lien que la loi
de la montagne
Ils reviendront de la survie
de l'immensurable
pour vivre peut-être encore un peu
des récits de leurs échappées azurées
avant de rejoindre à nouveau la délivrance
comme happés par les cieux
Ils seront de ces voiles de mariées
qui dansent et qui flottent
par la foi inébranlable en quelques mirages
sans l'ombre d'un doute
solennellement habités
Je vécus cette nuit comme un regard
bleu-de-ciel
que la neige rendit au sommeil
des cascades de glace
J'entendis comme les profondes interrogations
adressées au Ciel d'une demeure sans voix
traversé d'échos abyssaux
Je ressentis comme une présence si proche
dans le froid redouté qui cinglait
Il voulut qu'une étoile
destine
un refuge à toutes les absences
Au silence qui distance
et ne manque jamais plus
à l'assomption des souvenirs
le Nanga Parbat lui consentit
cet ultime point de rencontre
dont les lettres Omega
signent la vie éternelle une autre épiphanie
en esprit recouvrées
J'écris ce texte pour Eux Deux les Leurs les Siens
Peut-être aussi pour avoir
quelque part et plusieurs fois
approché l'autre rive
seul
n'ayant alors plus que le vol des oiseaux marins
qui me rappela
aux faisceaux redoutables
des éléments déchaînés
Les écrits révèlent souvent entre les maux
leur pesant de vérité
et de pensers affligés
Je n'ai pas pris le large en mon âme, en ce jour de froidures extrêmes
§
- MARIN - Azurs -
Pour les disparus de la Haute-Montagne, au choix inhumain, au plus précieux du respect de la vie ; avec une grande compassion pour ce duo de l'impossible, ( Elisabeth REVOL & TOMASZ MACKIEWICZ )
!
« C'était un pur, dans la vie comme dans la montagne. Il refusait le confort de la société moderne et préférait vivre avec un tee-shirt troué. Son but était de terminer cette voie avec une logistique minimaliste, par une escalade sans artifices. Il ne supportait pas les mensonges qui entourent le monde de la montagne », confie
Élisabeth Revol.