PUFFINS CENDRES !...
Les Puffins Cendrés sentent le retour du printemps comme ils partagent les grains et les giboulées. L'éclaircie promet d'être chaleureuse. En hiver, ils vont souvent solitaires ou par deux, sublimant leur couple et en dominant les airs.
Je les vois qui s'entent aux plus hautes lames, disparaissent dans les creux dantesques d'un enfer à ciels ouverts ; " bolge " marines irisées, jaspées d'émeraude et de translucides tourmalines.
Ils surgissent, au hasard, au ras des flots tempétueux, planent un court instant avant de déclencher de vertigineuses abattées, coiffer et croiser de leurs ailes virtuoses le sillage et la route du marin.
Duo dont on envie l'extrême vérité, la sainte fidélité à tout ce qui les fonde et les porte en ces lieux de jeux et d'éternel retour.
C'est ainsi que ce jour de coup de temps, rarement égalé, voit rassemblés l'esquif vélivole que voici et ces deux anges. Ils volent de concert, au diapason de violentes galernes tout en ménageant l'opportunité d'un unique battement d'ailes ; fascinant, parfait !
Un ballet d'ailes, une voile dont le dessin élémentaire peine à égaler la précision de l'épure millénaire, des desseins de l'envol et de la fluidité depuis les rouleaux, les pentes de la mer en beauté.
Quelle osmose, quelle symbiose partagent-ils ainsi en se retrouvant, sans jamais se perdre de vue, au coeur de l'immensité.
Leur silhouette fuse sur fond d'embruns lactescents comme si un maître, un peintre eût souhaité en transcender l'alme présence ; infinité comblant le tout et l'immensurable viduité des vents, du silence, de l'azur.
Ainsi pensai-je, voguant en quête de partage. Puissè-je dès lors en conter les révélations, témoigner un peu, à la rencontre de la cause animale dont on sait aujourd'hui les gouffres et le chasme de souffrances que nos compagnons d'aventure endurent en mer et sur terre !
Ils sont là, je les devine qui reviennent, me suivent, ouvrent ma route, m'accompagnent et réchauffent tous les versants d'une vraie amitié.
Aussi me suis-je décidé à les nommer. Ils entendent quelque chose et jamais ne fuient. A mon approche, il leur appartient de provoquer la rencontre en choisissant le moment ...
Et s'ils ne le souhaitent point, j'évolue plus au vent ou plus bas, les laissant décider d'une fenêtre de ciels propice, à la faveur qui sait, de la lumière, de la folie des vents, de l'état de la mer...
Nous sommes en hiver. Peu à peu, la mer vernale réserve d'autres surprises. De nombreux essaims voltigent par dizaines et par endroits particulièrement circonscrits, bien au large.
Je ne sais encore ce qui les intrigue ou les attire, si nombreux. Leur vol diffère. Il apparaît moins aérien, moins acrobate, plus cauteleux selon ma proximité. Il ne faut pas les déranger. Les contempler de loin, se demander d'où ils viennent, où se trouvent les nichées, les futures couvées.
Petits Albatros de la Grande Bleue, la mer ne serait pas ce qu'elle devient sans vous, sans toutes ces vies qui partagent les flots en toute sérénité.
Vous me révélez combien la Nature est généreuse lorsqu'elle pourvoit à tous les rêves d'enfants. Auriez-vous pu venir en aide aux naufragés involontaires que vous l'eussiez fait, ensemble, à n'en point douter.
Il y a aux cernes de vos yeux toute la douceur, la candeur d'un regard à part, ce brin de malice poussant à l'extrême la gestuelle de celui à qui vous avez apprenez à voler, de brefs instants, en allant et en pointant les étoiles, en remontant le vent ou, sous le vent, quand la terre et le ciel, la mer et le ciel inversent le cours du temps
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- MARIN - En Mer - En cours d'Ecriture ...
Revu et corrigé le 78.33.91
( A mes Petits Enfants que 2 Grands Dadais séquestrent depuis 10 ans, à 15 Kms du Foyer familial, 2 Super-Dadais qui excellent dans l'art de la connerie et de la bêtise, répondant et obéissant aux bas atavismes des crétins, raides du cou comme des saillies. )
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