SOUS LE HALO DE VENTILEGNA !...
Le temps, un tracé qui fluctue entre deux horizons, qui rejoint l'espace d'un sillage, la relativité des choses vraies...
MARIN
Le Levant est encore si froid qu'il semble approfondir le bleu de la mer sous la forte risée.
Vers l'amont, un écheveau de cirrus tisse lentement, haut dans le ciel, un voile nuageux. Le soleil dans sa course le rejoint. Il s'y maintient un long moment, le temps de parfaire son halo majestueux. Les Anciens liraient encore le signe d'un imminent coup de temps qui eût hâlé, au large, le Sud-Est.
Un anneau parfait, lumineux, autant d'arcs-en-ciels dont on aurait joint et ajusté, une à une, les nombreuses arcatures. Et le soleil dès lors règne, rayonne, impérial, qui se rappelle aux vérités cosmiques.
Pareil halo demeure assez rare ; mais la saison y est propice tout comme les os de seiches, les nuages lenticulaires le sont en Automne et en hiver, quand le Ponant et le Libecciu investissent la montagne dans la mer, sautent les hautes barrières de nos massifs en irraiant le Levant, l'Orient.
Je regarde filer sur les flots trois esquifs majestueusement ailés. Une poignée de secondes leur suffit à rejoindre l'autre rive du golfe qui s'évase en égarant les vents.
Ils vont par deux, par trois, inlassablement grisés par le souffle d'un vent imprévisible que la vitesse exalte sans frein.
A la fois si proches et si précis, bords à bords, tour à tour dans le sillage du compagnon de bordée, ils voient défiler autrement le temps, l'espace en créant une toute nouvelle dimension que la trajectoire esquisse, au plus près de la Rose des Vents, avec des pas de géant
!
C. GAUTIER
P. BLASINI - ( Vitesse / Slalom )
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