" LA MUSIQUE EST UN CRI "
Musique, un chant, une voix, un choeur, polyphonies toutes les fois uniques. Ainsi le jour révélé qui sourd des cordes de l'alliance
!
Des rives bleues du poème, du conte mélodieux que la Kora des sables égrène au thrène dolent de l'amour qui ne saurait être heureux, depuis la mort perpétuellement obscure qui s'ente et s'invite, l'univers de la musique s'en remet à la voix profonde de la mémoire, aux mots qui renaissent sans fin, aux accords des-illusions que l'instrument accompagne, fidèle et si vrai, jamais en vain ...
Le rythme est vagabond et la danse rebelle qui attisent la transe, comme au-delà, hélas ! la tension des mondes en souffrances et de la ville martyre.
Ainsi auront-ils témoigné en usant d'un même langage et, avant eux, le génie musicien des poètes-chanteurs, des griots, des djélis et des lointains chamanes. Les civilisations auront passé, avec elles de mystérieuses ethnies, quand d'autres peuples sont toujours menacés d'extinction, se terrent dans les forêts, les sables et les glaces à la dérive.
Tant d'époques meurtries, disséminées et fondées sur l'oralité auraient comme transmis l'empreinte mémorielle d'un immense patrimoine commun auquel nous vibrons, incompréhensiblement, dès les premières notes ...
J'aurai ouvert tant de portes, là-bas, depuis les horizons fascinants de la Musique où j'ai laissé un peu de notre âme. Une Musique naissant de chaque monde, parmi les autres mondes, qui veulent vivre. Que de biens culturels imprescriptibles, autant de voix à s'offrir en partage, quelle inépuisable manne spirituelle, quels envols polyphoniques.
Ainsi de libérer les fenêtres closes de la grande citadelle des hommes que le temps, au temple de la nature et de l'océan, pacifique, ne laissera jamais plus de bâtir, un peu plus près du Ciel, de la même source lumineuse.
Que la Musique soit, comme elle demeure refuge pour le cri des liens, des racines, de l'histoire écrite à l'encre rouge qui nous parvient des mondes qui ont eu et auront encore si mal, tant mal aux autres devenir et futur de nous, disséminés tel un chant vague, ivre de vent ...
Puis vient l'écho des douleurs et des peines sublimées que la création et l'imaginaire gardent secrets, comme la source se mérite, perdue dans l'infinité des dunes, dont on révèle la route au pèlerin, sans l'ombre du doute ! La kora au piano, le korafola au pianiste et à la harpe a depuis donné la main qui accorde l'âme et le coeur.
Et je dis aux tenanciers du désordre établi, aux protagonistes guerriers, affairistes, aux artificiers dogmatiques et aux politiques grandiloquents de la servitude :
_ " écoutez, entendez, le cri primal de la foule, la rumeur qui par-delà liesses et folies d'un soir de fêtes et de victoires arrosées vous adresse le message de la désespérance en pleurs, effondrée, aux folles gestuelles qui étreignent et qui inquiètent parce qu'innombrables et trop lourdes à mener ...
Aux confins de la danse et du chant, de la toile enténébrée, surréaliste, au tréfonds de ces gueules hallucinantes vendues au prix de l'indécence et des profits, au-delà de l'interprétation animée d'espoirs, dont le prisme séditieux déforme et bouscule l'habitude et le privilège des potentats en place, il y a les mots tremblés que l'on ne peut plus dire, évoquer, tant ils demeurent, maux, qui absentent de la réalité, précipités qu'ils sont vers le lent décours de notre finitude ... " . Alors traduire, enfanter d'un autre langage !
Ainsi la Musique migre au-delà des frontières, jamais aussi belle et émouvante que lorsqu'elle s'élève et plane, voile libre, " barque douce à ramer " sur l'horizon, visages, regards versant dans les étoiles un fleuve de paroles et de larmes.
Chant général des poètes aux centaines d'amour qui soutient les coeurs par myriades, abnégation, totale dénégation de la dictature de l'esprit, de l'embrigadement du code et de la mesure en barres vous brisant les reins, chaque jour qui passe en vain, dans la torpeur et les hideurs des rouages de la monotonie ou de la censure d'état,
oui, la Musique abreuve les songes, quoiqu'il advienne !
Oui, tel un hymne à la ré-volution non violente, d'entre toutes les armes, plus noble et plus digne, voici le règne de la rime transcendée, de l'arabesque, de la voix qui pleure et qui rit à l'unisson de l'onde lumineuse, de la vibration, du souffle.
Que la Musique rassemble, concentre et préserve en son choeur l'essaim des rêves, la résille des faisceaux oniriques que les décideurs complaisants rompent à l'encontre de la chaîne des hommes à jamais entravés, privés de Liberté, précipités vers l'exutoire national ou l'exil saisonnier que l'excès des devoirs et la soumission rivent aux calendes mensongères comme aux mouroirs des temps modernes.
Je voudrai tant que ce texte eût effleuré la pensée ! A vous musiciens et paroliers qui nous faites tant rêver, d'une caresse d'âme, fussions-nous déjà légers, au bord du chasme, harmonique volant toujours au vent de l'éternité. Puissions-nous espérer ces lendemains de plain-chant et de plénitude
!
- MARIN -
Pensée d'un Jour
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