SOMBRES TOMBANTS !...
Après la forfaiture, deux années auront passé sans que les lieux n'aient été enfin préparés et encouragés à leur réhabilitation naturelle : plus de 750 Hectares de pinèdes maritimes, de résineux à larges baies, de maquis littoral, de petits cours d'eau, de biodiversité florale et animale tentent de survivre dans un dédale inextricable de branches, de ronces - lianes, de troncs morts et calcinés jonchant tous les sols... Jadis, un joyau ! La mer, loin à l'intérieur des terres fabulait l'estuaire, le delta, la mangrove... Gâchis !
A MACHJA N'AVEMU UN ' ANTRA
FUNESTE CALICE
Il est un Golfe aux bras de terres immenses, qui ramène toute la haute mer des tempêtes. L'hiver lui est favorable, à la fois régénérant, comblant toutes les anses, les sablons, les criques et les petites baies des apports de l'érosion des montagnes, d'arène granitique précieuse et colorée.
Un golfe dont les profondeurs et les reliefs, antan, exhalaient les senteurs du pin, du genévrier, des myrtes innombrables, de toutes les fleurs d'un maquis enivrant. Rien ne confinait au cliché tant chaque endroit, chaque portion du littoral, aux vents et sous les vents dominants, participaient de l'harmonie et de la pérennité apaisée de la nature en beauté, de saison, arrosée de ruisseaux. Le chant des oiseaux emplissait ces havres de verdures et leurs tombants sur l'azur rayonnaient du vol des grands migrateurs.
Mais un jour, le feu, plusieurs incendies en ravagèrent les limites vers les terres, bien après que les hommes eurent barré sans vergogne et sans scrupule le fond de la baie lacustre et le partage des eaux de la mer et de la terre.
Ainsi fut tracés la route, - énorme digue -, et l'unique grau artificiel qui modifièrent à toujours la vie et l'évolution d'un merveilleux biotope, d'un relief irradiant toutes les beauté. Les feux, l'incendie s'emparèrent des rives d'un domaine exceptionnel sans que rien ne soit durablement entrepris après qui eût enfin réhabilité et préparé les vastes domaines dans leur rapide reconstitution. Que d'arbres, de buissons, de résineux calcinés, noirs, pointent toujours leurs doigts de charbon vers le ciel...
Triste sort, abandon révoltant de ces arpents de terre isolés, protégés dit-on, fort heuresement délimités et ravis à toute spéculation. Mais l'envers de la médaille signe hélas un marasme dont on espère beaucoup. Le moindre coût rebute, semble-t-il, abandonne à l'anarchie et aux désordres naturels ainsi provoqués le soin de mal panser la forfaiture de l'acteur et du système à l'origine des sinistres...
Aimer sa terre, n'est-ce aussi et d'abord en ressentir les profondes blessures, les balafres du feu, les morsures de la sécheresse et des canicules répétées, les souillures du brut relâchés dans tout le détroit !
C'est ainsi, depuis la mer, le coup de temps, de loin, que se détachent de l'azur des flots les versants enténébrées de tous les désordres, de la discorde, de l'abandon, pour quelques euro de plus.
A quand la juste restitution à la nature de tous ses espaces maritimes antiques, les volontés respectueuses d'une certaine idée de notre Île et qui l'accompagnerait ?
" Isula Idea ", chantait Petru Guelfucci, sur un texte magnifique de Ghjacumu FUSINA. Où allons-nous ? Quelles entreprises de défiguration s'emparent ainsi de l'harmonie de lieux fabuleux, exceptionnels, de vrais joyaux.
!
Ghjorghju d ' OTA
____________________________________________________________________________