LA GUERRE DES CHEFS ! ...
A tous les Poilus Sans Frontières qui ont été fauchés par la mort, sur le front de l'horreur, dès leur plus jeune âge et dont l'ombre plane au-dessus des palais resplendissants ! La mémoire est humble et ne s'enorgueillit point de champs élyséens. Cette pensée d'Anatole France, plus actuelle que jamais et qui démasque l'un des leviers de toutes les guerres, comme de la Grande Guerre.
" On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels "
Anatole FRANCE
A cette masse gigantesque d'armes, il fallut répondre par la multitude des humains que les stratèges précipitaient contre le feu ennemi. Ce fut l'équilibre de la terreur vu et maintenu jusqu'apocalypse par le pouvoir militaire retranché à l'arrière. Ainsi d'atteindre des sommets de victimes, d'en être responsables, de cautionner ces pertes en punissant mortellement l'insubordination. La délation résulta de ces germes infectieux dès 1940, avec force milices et traîtres
8 HEURES D' ÉMISSION ÉDIFIANTES
SUR A2
LE 11 NOVEMBRE AU SOIR JUSQU'AU BOUT DE LA NUIT
QUAND LES TERMES DE LA DÉFAITE FOMENTENT LA GUERRE
De 21 heures à 4 heures du matin, j'ai veillé, sidéré, bouleversé ! Aux risques de vomir, je n'ai pas regardé la brochette de Chefs d'Etats et de Dictateurs en guerre, sur l'instant, ce jour et en grandes pompes ligués pour commémorer ce qui ne se conçoit pas, ce qui ne se défend et ne s'honore pas et qui aura été perpétré à l'époque par leurs homologues, à la tête des états.
Il en est, en Syrie et ailleurs, qui réveillent ainsi le spectre du chaos, des territoires dévastés, des centaines de milliers de morts, dont civils et enfants. Eussent-ils été de l'époque funeste, ces décideurs auraient sans aucun doute fait de même. Que de territoires aujourd'hui exangues, souffrant de famines, d'exodes post - conflits dont on se refuse à regarder en face les myriades de conséquences mortelles, insidieusement létales .
Honneurs, grandeurs, servitudes militaires auréolés d'une charge de contrition qui ne manque pas de culot et dont nous font part les suprématies, ces entre-gents au bord des larmes, continuant à vendre et à financer des projets exécrables de transactions d'armes avec les belligérants qui se situent du bon côté de la finance et des marchés, des alliances en vogue. On se serre la main, on dresse le pouce en signe d'accointance quand au même moment, en Syrie, en Palestine, en Orient, tombent femmes et enfants au nom de la bavure, de l'agressivité détournée, de l'ordre d'une vision unique du monde que l'on s'accapare par la force...
Le bourreaux de Damas aurait été du souvenir élyséen partagé, que l'on eût déroulé pour lui et d'autres bouchers d'humains, d'autres abatteurs d'abattoirs, le tapis rouge-sang des innocents, sans aucun doute, certifiant et validant de facto les logiques glauques de la guerre valant leurs pesants d'ors noirs .
Notons au passage que la Grande Guerre fut davantage celle des militaires, des chefs orgueilleux, des menées de l'armement et de l'engeance revencharde farouche qu'incarnent le Tigre Clémenceau, Foch, Nivelle, Joffre, pour ne citer qu'eux, ayant leur double-pareil Outre-Rhin, notamment.
Quant au règne politique, à la re-présentation républicaine, à R. Poincaré, dépassé par l'ampleur de l'apocalypse, voilà un ensemble, un nouvel appareil d'état qui cautionne un contexte qui ne put que suivre le convoi, les charrois de la mort, aux ordres de la grande Faucheuse et sous le couvert de l'absolution dé-concentrée du Vatican ...
IMMERSION BOULEVERSANTE
Mais arrêtons ce réquisitoire et venons-en à cette longue soirée d'automne, à cette nuit du 11 Novembre 18, depuis le foyer de tout un chacun, où il importe de veiller, loin de la condescendance affichée du Centenaire ! Il est vrai que nous cumulons : Bicentenaires, Centenaires, Cinquantenaires, parfois Millénaires remontés des arcanes de l'immaturité !
Et toujours la même antienne
Mais de s'être laissé emporter dans le temps, conter l'Histoire rapportée du Front, des Fronts innommables de l'horreur, de l' " APOCALYPSE " , de la tragédie vécue par les Poilus, de si jeunes hommes, les femmes par milliers accourues aux pieds des mourants, qui pansaient le tribut et les plaies noires des chefs impitoyables !
D'entendre et de cerner les mobiles, les finalités, les collusions de l'entreprise effroyable de la guerre et de ses esclaves manipulés par le Pouvoir !
Racontée par Mathieu KASSOVITCH, sur A2, en 6 grandes parties à la fois stratégiques et géopolitiques, pour s'achever par le drame humanitaire de VERDUN ! Au bord des larmes, souventes fois bouleversé, hébété, j'aurai traversé les heures de cette nuit - témoignage et regagné l'aube, comme changé ; un autre être m'apparut soudain, à moi - même, insignifiant, un peu plus grand par la peine, l'émotion.
Je venais de lire, de terminer un long livre, au terme de huit heures d'écoute. J'eu honte à deux reprises, pour m'être endormi, un bref instant, ne voulant rien manquer des images à la fois poignantes et terrifiantes, de ce récit revenu de l'enfer, de la géhenne du feu, des atrocités de la mitraille infectée de méchancetés métalliques.
UNE AUTRE DIMENSION INHUMAINE
Aux COMBATTANTS DE
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Le fantassin, exposé, livré, chair à canon, prêt à mourir en masses perpétuellement abondées, avec ses compagnons les animaux, par millions, dans des conditions dantesques, apocalyptiques, selon les injonctions de l'art funeste et des expérimentations logistiques de la Grande Guerre et de l'époque, dont sont friands les généraux en marche vers la gloire éphémère et condamnée...
Une guerre d'expériences technologiques, plus moderne, usant d'armes inédites et ô combien dévastatrices, à répétition, des gaz chimiques aux 3 milliards d'obus tirés pendant cette Tragédie, avec des batteries capables de projeter des charges explosives avoisinant la tonne, sans oublier les artefacts occasionnant le démantèlement des corps éparpillés sur une terre glaise gorgée de sang...
Et le tonnerre, le grondement des canons se faisait entendre dans un rayon de 200 Kms ; qui l'eut cru ?
Mais au-delà des images, des courts récits des Poilus, des positions sûres et repliées des maréchaux et des généraux aux 20 maîtresses, calfeutrés derrière les lignes, je découvris avec une douloureuse proximité des pans de vie d'une violence inhumaine, un acharnement inimaginable de cruauté, de férocité, entrecoupés parfois de courts moments de fraternité échangés. Des combattants qui versaient les larmes de l'incompréhension, du dégoût, de la rage de vivre. Ils touchaient les confins de l'entendement, de la pensée outragée, un soir de Noël, perdus dans les neiges et l'effroi ...
Oui, la France des Lumières, de la Fraternité post-révolutionnaire se répandait dans la fange d'une histoire orgueilleuse et conquérante, éminemment coloniale, chaque protagoniste voulant et devant laver les affronts, les jalons de ces guerres ignominieuses aux traités félons et infamants pour les vaincus, parsemés à travers le temps des siècles-tragédies et des conquêtes sanglantes.
Comme un revers du système de choses, les richesses des empires sauvagement ravies et dilapidées hors métropoles, dans les colonies servaient en définitive l'émergence des armes de destructions massives ! A la boulimie des armes, les chefs, inébranlables, répondaient en livrant la chair à canon sensée percer des lignes ennemies qui ne reculaient point, jusqu'à la mort de la mort ...
DIEU N'EST ET N'ETAIT PAS SUR LES CHAMPS DE BATAILLES MALGRE LES AUMÔNIERS DECORES
Des millions de M3 de terres déplacés, révulsés, bouleversés sur une épaisseur de plus de 10 mètres de hauteur. Des territoires minés, mités, dynamités, aux mille boyaux en putréfactions, envahis de rats et de longues plaintes d'agonisants. L'enfer des tranchées où les hommes souffraient, criaient et mouraient dans la fange, la vermine, la détresse infinie, le silence de Dieu, l'abandon des siens, jusqu'au bout des doigts, depuis l'âme en partance et ses ultimes écrits à " Lou " !...
Un univers de larmes, de drame et d'incompréhension, souvent, mu en insubordination, désobéissance, désertion immédiatement traduites devant le peloton d'excécution pour l'exemple, afin de poursuivre la destinée de la tuerie de masse, de la plus grande boucherie des hommes, malgré la bonne volonté, les valeurs, le Verbe.
Des hommes abandonnés de tout ! Des femmes, des marraines, des enfants rivés pour des jours interminables à la grande entreprise de la machine infernale à tuer, dans les usines repliées.
Un tout irrémédiablement tourné vers les visages défigurés de la barbarie, à l'instar de ces pauvres " Gueules cassées ", que décoraient à la va vite des-gradés de faction, pour le service rendu à la nation et pour la gloire.
Quel maréchal, quel général eut la gueule cassée ?
Et quand ce n'était pas les mutilations du front, un nombre effarant de soldats finissaient dans les hôpitaux psychiatriques, la conscience ravagée, aux traits à toujours terrorisés, tremblant de ce tout qu'il leur restait de mains, de pieds ou de bouche, titubant, reculant à la vision d'un casque, d'un képi. Des âmes en détresse irrévocablement perdues, semant à l'alentour et de nulle part le cri de la folie et de leurs menées destructrices.
Une masse informe de glaise, d'eau, de corps mutilés et dilacérés, des membres et des têtes coupés, arrachés, des viscères, humains ou animaux, que le pilonnage des bombes exhumaient, comme si l'enfer s'était abattu ou s'en revenait des entrailles de la terre. Des lignes et des positions tenues sur des centaines de Kilomètres, plus de 700 kms pour le front de l'Est ; des forts que les bombardements auront rasés puis encore, enfoncés sous la terre, 70 millions d'obus métamorphosant les champs de VERDUN comme la pluie de météorites dévasterait et affouillerait la mer de la Tranquillité sur la Lune.
La terre moutonnait de visions infernales. La nuit lapidée d'éclairs rougeoyait, des nuages sombres et létaux s'abattaient en torrents de boues, de pierres, de troncs et de troncs déjà calcinés
QUI PEUT DIRE
Qui peut raconter l'horreur ? sinon le souvenir depuis champs de bataille où la mort revenait d'une mort encore plus vaste, plus épaisse et lointaine ?
Qui peut dire l'innommable, s'il ne fut pas de ce crime contre l'humanité, décidé et perpétré au sommet des états, dans la durée, jusqu'à la déraison de l'orgueil national cumulé ?
Qui peut dire les 10 Millions de tués, les 50 millions de Blessés, les milliers de cas désespérés que l'expérience de la guerre aura mentalement dévastés ?
Qui peut dire le destin et le sort des 7 Millions d'Orphelins laissés pour solde de tout compte, les familles et les possibles, les unions amputées pour l'éternité ?
Qui peut dire la teneur des traités, des - accords vainqueurs et félons qui peu à peu vont essaimer, activer les charges terrifiantes de la vengeance décidée à laver l'affront, selon les termes de " Mon Combat " , du manifeste de la haine, du Fürher ?
Qui peut dire l'artificiel et illégitime partage des territoires annexés par le conflit, l'édification de nouvelles frontières contre-nature entre les peuples, décidés par les grand empires, qui générèrent au cours de l'histoire et jusqu'à nos jours des conflits certes plus localisés mais ô combien monstrueux, pérennes, sur-armés par les mêmes donneurs de leçons parvenus au faîte des commémorations
Qui peut dire les dépassements, les transgressions ignobles des techniques et des pratiques générées par la guerre, au-delà de la guerre imaginant toutes les morts par préméditation ?
Qui peut dire l'état d'hygiène, de santé, dans lequel les fantassins, les combattants demeuraient, durant des mois, à l'orée de la pire des pandémies que l'histoire eut connu, ( Grippe epagnole ), alors que pendant ce temps, loin des fronts, on ripaillait, on dansait, on courtisait depuis les vires de hautes lignées sociales, du grade, de la proximité du Pouvoir, du renom et de la forfanterie martiale
?
LE TEMPS DE L'EMOTION DE LA TRISTESSE NE VIENT PAS D'EN-HAUT
!
Que je dise ici mon ressenti, nûment, ma grande émotion et profonde tristesse, depuis ce long reportage, d'une qualité, d'une densité historique sans pareille ! Que je m'attèle aux témoignages de celles et de ceux qui furent hélas ! sur le terrain de la tuerie.
Que je lise encore la correspondance de ces hommes et découvre ces images d'archives, uniques sépultures à ciels ouverts d'où s'élève toujours l'âme des plus jeunes, des damnés de l'ordre, de la forfaiture des chefs s'enorgueillant de la pourriture, de la mort lancée à l'assaut de la vie, incompréhensiblement ...
Que je garde dans mon coeur, avec moi, non pas les manteaux de paroles jetés à l'envi sur les parvis et selon, en façade ou en marche vers le futur tout en doutant des faiblesses de la nature humaine, s'octroyant ainsi une fenêtre, un balcon sur l'enfer inévitable de la guerre qui sied aux grands argentiers et aux donneurs de morts
!
Nous remercions A2 pour ces heures de vérités historiques qui s'avèrent plus proches des réalités. Quant aux soubassements du conflit mondial, aux mêmes zones d'ombres qui voilent les aréopages zélés perpétrant, à la même heure, ce 11 Novembre, leurs crimes contre l'humanité de par les mondes en périls, nous leur disons : dehors ! vous êtes indignes de l'instant, du souvenir, de la mémoire et du recueillement.
Écoutez, Amies ( s) ces trois Chansons, - Les Combattants de Honneur, Ma Patrie s'appelle Liberté, Ton Père en 1918
A TOUS CEUX QUI SONT TOMBES EN 1914 / 1918
Dans chaque village, hameau, bourg, ville et toutes les Campagnes...
A ceux qui ne reviendront jamais dans leur Pays, les Colonies