Jean Delville, Prométhée (1904-1907), Huile sur toile, Bruxelles, Université libre de Bruxelles.
" Je voulais la lune ( ... ) Ce monde tel qu'il est fait, n'est pas supportable. J'ai donc besoin de la lune, ou du bonheur, ou de l'immortalité, de quelque chose qui soit dément peut-être, mais qui ne soit pas de ce monde. "
Albert CAMUS
Caligula
https://www.franceinter.fr/emissions/la-une-de-la-science/la-une-de-la-science-24-decembre-2018
Mon île mon écueil
ô maints brisants
dont je lis tout le mal aux Mondes
et la déchirure qui perdure au-delà du couchant
Ensemble réfugions la désespérance séculaire
recouvrons l'océan immémorial de l'âme
le souffle venu d'en - haut
Le réel l'imaginaire comme d'un ailleurs
se partagent sans fin
les sens la saine essence des métamorphoses
Almes migrations
croisant au large de la raison
et de ses dérives artificilelles
Et si le penser unique
hautement rhétorique impunément philosophal
du nanti
se place situe et domine sur l'indigence
saches qu'à bord de la folie
vers ses rivages en liesses
des lames évanescentes délinéent
l'éternité d'un printemps diaphane
et te destinent à quelque perpétuité Filigrane
ou vaisseau probablement animé
dépourvu de corps - mort
et d'ancre
Les maux à l'encre noire
pansent le sillage à jamais béant de la douleur
sourdent comme la traîne des ciels tourmentés
Le bout de la route se profile
Tant d' indices en chemin
en dévoilent peu à peu la proximité
oscillent entre rêve paradoxal
et appels de l'aube
Tu n'es déjà plus de ce monde
mais de tous les mondes ravagés
Tant de fois auras-tu pointé
les aberrations prométhéennes
des Lumières généreusement galvaudées
détournées et lâchement asservies
depuis que le doute n'est plus de mise
Le respect de la vie en toi demeure
tandis que tu cingles vers la seule issue de la mort palpable
Ainsi se révèle les horizons des menées assassines
toi qui n'auras jamais su différencier
l'homme de son compagnon
l'animal
quand il montre le chemin de l'harmonie
des silences nobles et solennels
Qu'il me viennent encore
pareils délires autant de pensées
ces allants désespérés valant gages
et témoignages des atrocités
que la condition animale
endure
pour unique destinée
pour dernière vérité
En ce jour pieux
tellement sacré
l'hécatombe atteint son paroxysme
par le sacre du sang
de petits êtres sacrifiés
sur l'autel de l'abondance
que maîtres et magnats
déchirent la gueule et le croc avides
Un monde si bas ripaille
honore l'abondance et les alcools
de la table les dives agapes des palais
en ouissant le cri de l'agneau
absolvant ainsi aisément les péchés du monde après l'office
quand l'homme et la femme sans abri
se meurent de faim de froid et de chagrin
Monsieur le Président
un peu de décence de compassion
Transgressez le verdict du chiffre
les termes de l'échange douteux
A vous ce jet de paroles enflammées
les scories d'un mal-être
d'un mal aux mondes
que la suffisance la dominance le mépris
dressent comme on mate le rival des hautes sphères
en quête d'espace vital
au tréfonds de l'orgueil
et des vanités toujours très Ecclesiastiques
!
- MARIN -
Le Bout de la Route