Ami, pèlerin, toi qui es de passage ici-bas, sur cette Île, protège-là, use de tout ce qui est en ton pouvoir pour la sauver du chancre et de l'opprobre ! Elle n'est pas à vendre, ni à brader, encore moins à souiller et à envahir de béton, de verrues et de hideurs ...
Sois sur la voie, en phase avec la pérennité. Les mots, tu le sais sont une arme plus puissante que les balles et la mort. La poésie vainc le poids des siècles, domine par la sagesse et la profondeur du chant
!
MACHJE
Ce poème est tout un symbole. En effet, alors que notre maquis brûle chaque année un peu plus,, nous en possédons malgré tout un autre qu'il sera beaucoup plus difficile de brûler : c'est notre culture, notre désir d'être corse qui nous permettra un jour de retrouver notre dignité.
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Reviendrais-tu d'une île à part comme d'un rêve, d'un songe à l'orée de l'éveil.
Renaissant à ses entours ultramarins, parsemés de légendes et de récits fascinants, puisses-tu vivre encore et toujours la mer, le grand bleu, bercé aux pieds des tombants de la terre prodigue frangée de blanche popeline.
Dans les ciels d'un cap qui doit tout à la nuit, l'on y verra à jamais poindre le jour et tomber l'obscur d'une toute petite planète dont le visage joue à se cacher. L'arche de clarté traçant la route galactique du soleil et allant se coucher dans les garances du Ponant.
Alors, dans la longue nuitée qui commence de s'illuner, telle une ultime faveur, tu seras toutes les fois petit Prince aux attentes comblées ...
Je sais que tu reviens de nos vertiges écumants, de nos intuitions solennellement ailées.
Mais regarde, vers les lointains des sommets et des crêtes que les vents fous arasent, d'étranges moulins brassent l'air, fauchent le silence, loin des champs peuplés où la bête ne saurait paître, de l'aire figée qui battait, qui vannait ivre l'orge et le blé.
Horizons intemporels, abandonnés à la solitude des murs errant éperdument à travers le maquis et qui s'effondrent comme les pailliers du vénérable grenier à blé.
Te voilà rendu sur le seuil des masures et des foyers d'antan qui ne moissonnent et ne récoltent pourtant plus...
Chapelles et couvent, en leur béance faîtière irrévocable, tel un cri mutique, un stigmate pathétique, ne laissent plus d'implorer les cieux déçus.
La noria des moulins s'est tue, les torrents ne charrient que pierres et galets ; guises de chemins que le chant, le trille des passeraux, la migration des hirondelles ont définitivement fuis.
Ils ont emporté avec eux l'âme du printemps. La paix, la sérénité se sont envolées comme la crue soudaine, inédite et impitoyable ravage la vallée jadis si fertile, les oliveraies et les vergers tombés en déshérence.
De longs croissants de sable roses et blancs perdent chaque jour leurs éclats de silice, le tendre orangé de la roche grenue, les ors de ces calices minéraux que mordorent les rigueurs d'un temps que l'on pensait immuable et bon à la fois.
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- MARIN -
A la Recherche du Temps Perdu