J'ai demandé aux vagues de la Grande Mer, comme l'on demande au croissant de Lune, à la Croix d'Agadès, à l'étoile du berger, d'exaucer un voeu, de me guider, jusqu'au terme de la traversée hauturière.
J'ai foi en un chant de vie et de lumière à nul autre pareil. Perpétuelle ode vernale que la mer entonne, qui perdure les douze mois de l'année sidérale.
Que le Cosmos soit, ouvrage, engendre ... Il ne déméritera point, le Nord ne vacille jamais.
Les vagues, aux vagues et aux nuages ressemblent. Elles m'auront confié leurs caches et bien des secrets. Antres allégoriques où la vie, la mort se côtoient, s'entent l'une à l'autre, dans les dénuements de la solitude voilée.
L'éternel y loue l'éphèmère. Sacre des renaisances ; mourir pour s'en retourner, encore plus belles !
Rivages vierges, scènes sans limites où se réalisent et se retrouvent, sur la grande fresque des souvenirs, de fabuleux desseins que les oiseaux marins soulignent et révèlent en passant. Féeries, sublimités d'un univers à la fois si beau et impitoyable.
Aux fidèles, aux nomades de l'extrême, aux pèlerins de l'exil et de l'exode tragiques qui parcourent l'infinité des dunes mouvantes et ondoyées en s'en remettant à l'Eau-Delà,
J'écris, pense et me recueille. La mer-veille, tue
!
J'ai dans le coeur, qui résonne, l'écho du bourdon, d'un adieu. Par les champs de fleurs, par les immortelles de la mer, au vaste choeur des harmonies et des azurs qui perpétuent la vie, au-delà de la vie, je croise encore.
Ainsi de la quête, du temps que mille histoires découvrent, explorent, en route vers l'éternité, l'unique vérité qui soit.
Après tout, allant par les vastitudes, les extrêmes des latitudes, des vents et des vagues, être ne vaut-il pas déjà gage irréfragable d'éternité. Voguer, avant de partir, d'emprunter le cours du vaste fleuve, de la rivière spleenétique et sans retour
...
- MARIN -
Le Bout de la Route
Délivrance