DE GRAINS EN GRAINS ! ...
3.7 M2 ! petit flotteur ; des rafales à plus de 50 / 55 noeuds, visibilité plus que réduite. Le puissant Zoom optique semble percer les ténèbres. Le solo est intégral, sur site non connu. Passage, sursis, sans orage qui eût bouleversé la mise et la donne de l'extrême. Une haute montagne dans la mer et ses tombants disparaissent sous les grains d'un puissant Libecciu
QUAND LA NUIT TOMBE LE JOUR SUR LA MER
Sois vigilant sous les grains nourris du coup de vent ! Assures-toi attentivement que le temps n'est surtout pas à l'orage ... Lève les yeux aux ciels et observe l'envolée des nues tempè-tueuses, ces volutes blanches qui chevauchent la noirceur d'un socle diffus, dense, menaçant. As-tu remarqué de forts écarts de températures sur les lieux de ta navigation ? Si tel est le cas, alors, prudence, ne reste pas sur l'eau et mets-toi à l'abri ! La foudre choisira sur l'eau le plus court chemin.
Mais si le temps demeure à la pluie, dans un vaste courant uniforme en températures, en nuages, drainant un système nuageux de l'étage bas, tu peux poursuivre. Reste alors à l'écoute du moindre signe. La navigation sous grain recèle de fabuleux antres, une navigation feutrée.
La mer change de peau ; il n'est plus d'autre horizon que le linéament bossué au champ de vision rétréci, si court. L'imprévu, l'aventure, la surprise sont à leur comble, surviennent comme ils se dérobent ... Le vent semble s'être calmé ; il n'en est rien ! La rafale, la bourrasque, la gifle en embuscade surgissent avec un déluge de pluie.
Quelle heure est-il ? Où es - tu ? as-tu gardé et mémorisé de précieux repères visibles sur l'eau alors que rivages et côtes ont déjà disparu ?...
Le vent pour girouette, l'amure et l'allure te diront comment et où rentrer ou t'éloigner si la situation devait s'aggraver.
Mais tout de même, quelle imprudence ! Le solitaire croise à quelques encablures de la côte, désormais invisible, happé par un écran, une émulsion liquide, opaque, sans que personne ne puisse suivre le cours de sa navigation.
Il en est ainsi, d'une autre dimension, d'un rapport à l'élément et à l'extrême particulier, qui manquerait si celui-ci devait ne pas être, devenir, changer la vision que l'on peut avoir de la grandeur et du mystère de la mer ...
Ainsi de survoler plus encore les flots, de ressentir les effets accrus de la vitesse que la nuit impose au pilote sur la route sinueuse ! Vagues et houles ondulent, fantomales, tantôt si sombres, sitôt éclaboussées d'écume et de mousse immaculées, sur fonds de vertiges clairs et virides ...
Images à dire la mer sous grains, ces grains et ces vagues qui recomposent la nature de possibles que l'on garde, gravés, mémorisées à toujours, à la fois tremplins et abrupt verticaux où se jouera un jour, un moment, un dernier instant la chute libératrice
!
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