VIS_TON_HORN_

 " Ce qui est vécu, et passionnément espéré dans l'aventure, c'est le surgissement de l'avenir. " 

JANKELEVITCH

 

***

Honore à l'aune comme à l'orée de tes possibles rêves ce HORN que tu côtoies. Tous les marins en espèrent et attendent la révélation ! Tu ne démériteras point. Il y aurait tant de facettes au prisme des joyaux infinis de la Terre et de la Mer, dont tu procèdes et participes,  lors de ce passage, de cette escale ici-bas où il te faut :   de-venir !  Que ton existence demeure, à tout jamais, énigme, Eau-delà, une île en enfance, en partance, qui brasille,  pareil au tison de l'aventure extrême que tu habites

... 

J'ai doublé des caps, des tournants, de grands îlots cernés de sternes. J'ai dévisagé leurs vigies de pierres paréidoliques. La mer fumait, s'envolait avec  ses  fabuleux  nuages d'embruns comme elle barrait l'horizon, l'espoir.

J'ai sillonné  d'immenses étendues. Solitude et  froidure  s'invitaient, cinglaient, isolaient. Au sein des ombres diurnes et diluviées, seules les vagues m'eussent guidé en fusant vers la côte qui disparaissait  ...

S'offraient, alors à moi, la pleine mer et  son plain-chant d'étoiles à venir, les aubes, les aurores, les crépuscules des poètes disparus ! 

Autour des écueils, si près des brisants familiers,  j'ai laissé vaguer mon âme ; un étrange petit vaisseau, merveilleusement  ailé, délirait en dansant sur les flots. J'imitais le puffin cendré en découvrant de  fantastiques ellipses. Des anges ocellés planaient en battant de leurs ailes vierges,  aux écumes immaculées.

J'ai tardé, le jour, en parcourant  les profondeurs constellées de l'autre ciel, du zénith du soleil  à la tombée de la nuit sélène  ; le soleil s'enrochait sur l'horizon des lames  embrasées et  des mers étamées tandis que s'élevait, gravide et paisible, Séléné ...

Les contours enflammés des nuées  auguraient de violentes tempêtes. Et les  vents furent parfois si forts et les tranchées  liquides  si creuses et si hautes à la fois que je me retrouvai, durant de longues heures,  en pleine mer, sous de hautes latitudes.

Je rompis  ainsi et  souvent à l'être duel doué de raison et m'en remis  à l'harmonie, à l'intelligence, au numineux d'un sublime dessein d'astre...  Et la Rose et le petit Prince  n'eussent  jamais pu se passer désormais  l'un de l'autre ! La mer fleurissait.

J'ai entendu hurler  le grain  blanc. Les bourrasques déchiraient  la crête irisée des houles lointaines. La mer s'en allait sans jamais me quitter ; je l'aimais tant ! 

 

 _ "  Mais alors, Marin, dis-nous !  Quelles auront été ces traversées, ces destinations dont tu sublimes à l'envi et si précisément le voyage, l'aventure extrême, oscillant entre les pôles de la vie, de la mort ?  " 

_ " Tu relates, hors  du temps, te jouant  de l'espace immensurable et, pourtant, que n'aurais - tu point vu d'autre qui nous transportât vers les 40 ème Rugissants, qui n'apparaît point  au fil de ton récit ? "

_  Écoute, Visiteur, Passager, Voyageur, Pèlerin, Marin, Montagnard, Méhariste, Forestier

_  "  Toi qui me lis et qui  me rejoins  par le travers des maux de la mer et des océans en souffrances, de l'immensité manquant cruellement, malgré elle,  à ses desseins de paix et de vérité, saches qu'il en fut ainsi tout autour d'une Île que l'hiver et le gros temps  irradient, parent de tous les fards des origines.

_  Pourquoi recourir à la machine volante, au bateau gigantesque des croisières urbaines où les foules s'entassent pour naviguer à vue, aux vrombissements de la caravane tout terrains où l'être évolue entre  les statuts cadrés du suivant, du suivi  ? 

La mer, l'océan ne se vivent guère par procuration, avec assistance... Quelques encablures, quelques milles nautiques, un puissant grain noir  ou blanc, une échappée belle,   suffisent à  t'absenter de ce qui,  ici-bas,  vaut habitude, aisance familière de lieux connus et parcourus de vacanciers en mal d'exotisme et de paraître ! 

J'ai nommé Solo, cette quête et cette soif inextinguibles de grands espaces  et de vents violents que je parcours aux pieds de solennelles montagnes.

A ces tombants qui  dévalent  en regagnant un azur onirique, qui éploient leur infinie beauté  dans la Grande Bleue des antiques légendes, des mystes et des aèdes, zébrées  de blanches rafales,

que je revive l'instant de la chute éthérée, l'envol prémonitoire, ce que j'aurai toujours défini  comme étant mon HORN  !

Car  je te le dis avec insistance, alors que le culte froid de la mesure et du chiffre  est et sera toujours de mise, vis ton HORN, fût-il à l'abri des regards, à l'intime des mondes réunis en un ultime point de rencontres, oui, nourris-toi de cette universelle fluence.

D'aucuns diront : " Vis  ton  Everest ou,  à chacun le sien ", tel un raccourci, un lieu commun ! Que ces deux extrêmes conjuguent et juxtaposent,   ensemble,  un sommet, des cimes, des rivages faits de rêves et de poésies, d'espérance et de fidélité aux choses vraies.

Le choeur du grand Tout y bat la chamade,  un peu plus près de Ciel, affole. Il enivre, palpite à l'unisson d'un coeur qui s'ouvre aux Mondes à chérir et à aimer. Ainsi de la pensée, abyssale et stellaire, de la rotondité de la Terre et du temps qui gravitent, qui dérivent, qui t'emmènent  au fil des mots. Ô sempiternel penser ! Le doute n'est plus de chemin, qui appareille déjà,  vers la vérité, ultime illusion

!  

 

- MARIN - 

ALPHA LYRAE 

Ou de la poésie philosophale

 

A_TON_HORN__

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