SOLO VENT VIOLENT ! ...
La Tempête " Chjara " traverse l'Île Corse comme elle submerge un rempart, une haute muraille. " Hervé " en fit autant et déferla également sur notre Île la semaine passée. Ces deux épisodes météorologiques virulents se sont accompagnés de signes de ciels éloquents, deux jours avant, pendant et avant qu'elles ne poursuivent leur route vers l'Est. J'aurai été à l'écoute et scruté si profondément les ciels, le vol des osieaux, les couchers et levers de soleil, cueilli un imposant halo autour de la Lune montante, une nuit sans étoiles et aux silences angoissants.
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Révèle-moi encore d'autres rivages inconnus ! Va où le vent te mène dirait l'aède, le troubadour. Vagabonde au jour de nos folles pensées qui ne tariront jamais. Il est des cirques minéraux où partager ensemble et en mer la partition trans-lucide de Ciara - Chjara. Le souffle puissant de l'hiver aura malgré lui semé la terreur au coeur de ton Île meurtrie puis, abandonné la terre à ces stigmates que valident perpétuellement et si bas l'orgueil, la méchanceté, la cupidité, l'un-différence.
La mer fume. Emulsions iodées, sels marins ... Ivresse, lâche avec moi la bride ! Autant, suspend ton vol, tente de rester en l'air le plus longtemps possible, plane. Soit, de tes alcools pétillants, de ton absinthe bruissant par les champs ondoyés du Grand Bleu. L'onirisme fleurit comme mille printemps. Il pleut comme en novembre sous le ciel bleu-roi. Etrange appel de la mer au marin !
Embarque à bord de la tempête éminemment claire. Garde le bon cap de l'humilité, marin ! Ciara l'Irlandaise et Chjara Isulana ne mentent point et ne sauraient te décevoir, attenter à tes élans sains de liberté, de vérité, de respect. Il te faut honorer le pacte d'alliance convenu, rappeler à la mémoire de nos Anciens que tu oeuvres pour venir en aide aux mondes fragiles, aussi petit sois-tu.
Mais saches que tu reverras dans les lointains l'épaisse fumée des volutes démoniques dévaler la plus belle des montagnes dans la mer. Que de larmes, de tristesse, de révolte t'affligent.
Que ne le dis-tu jamais assez, lorsque tu t'élèves, à l'unisson bruissant des nuées d'écume et de la gerbe d'embruns, face aux abrupts, au-dessus de ces tombants accores que la grande bleue irradie de beautés sauvages, intouchées.
Je sais que tu ne contes jamais les mêmes récits. L'azur commande à tes extravagances. Comment verser dans le lieu commun, ici, noyé, diluvié que tu es et cerné de camaïeux subjuguant le peintre, le compositeur, le danseur qui évolue sur les ciels denses et si précieux...
Il n'est que la prose, la poésie, le coeur qui vaillent le détour. A ces humbles mots écopés à l'aune de la pensée pérennelle,
tu t'absentes, Marin. Tu nous distances comme tu te perds à l'horizon prodigue des Puffins cendrés déjà de retour. Assourdissant, euphonique et vrai, souffle le vent. Les violentes rafales dressent la vague viride et la rampe fluide te hisse vers l' Eau-Delà de tout que tu chéris.
Invisible mais tellement palpable, comme une étrange peau, le vent te recouvre et t'enveloppe. Aucune étreinte mais la légèreté et la clarté d'un dessein noble que souillent sans frein les menées de la dominance et de l'accaparement aveugles.
Quitte ce bord, Marin, dérade dirait encore un certain poète maudit ! Rejoins ces pans de cosmos féeriques. Que tu en puises l'absinthe rare, ces alcools souverains qui délivrent.
l'inspiration et l'énergie vitales t'offrent aux grands espaces, à la scansion d'un ciel valant prémisses de l'Au-Delà !
Mots et pensées prennent leur envol. Une voile libre exulte dans le vent marin. Voilà que tu en esquisses la palpitation hautement régénératrice, palingénésique. La Terre suffoque. Les vents violents luttent à la hauteur de la forfaiture en rejetant violemment les miasmes des paradis artificiels
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- MARIN -
Tempête Corse / Journal de Board
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