Nuages de Foehn / Île de Corse
Nuages de Foehn. Fabuleuses toupies, spires éthérées constellent et ponctuent les ciels insulaires. Éblouissantes calligraphies que le calame des vents voue aux cents noms de l'Amour. Songes Omega, les yeux dans les étoiles, " Eau-Delà " de toute paroi verticale !
Le vent Ponant souffle, s'élève en coiffant son Île de rêves aux mille tours de magie. Avant que d'essaimer ses nuées d'embruns qui poudroient l'azur dense. Cristaux, gemmes de glace immaculés...
Jamais la mer n'aura tant reflété l'azur en s'y perdant, en s'y confondant avec une telle profondeur, pareille intensité. L'immense feston des sables et des roches porphyroïdes brasille, renvoie les rais d'un jeune soleil ; lumières vernales.
Les oiseaux poursuivent leur longue migration. Halte, escale providentielle sur la longue route du retour et du soleil.
Les chemins et les champs arborent une floraison dense, inconnue, originelle. Foisons d'insectes, épaisses ramures au vert tendre d'un premier frisson, herbes folles et chardons bleus des dunes, asphodèles innombrables, marguerites et calicotomes, baies odoriférantes, lavandes à toupet, cistes des Îles, orchidées sauvages, la liste s'allonge au fil des pas ...
Marcher à l'intime du printemps devient hasardeux, se mérite. Le ruisseau chantonne tout bas, susurre comme des mots doux. Le torrent anime l'esprit de la forêt. Les oiseaux chantent la nuit, trop craintifs qu'ils demeurent en ce monde bouleversé, traversé de silences inédits. La nature ne reprend guère ses droits ; elle les décline, sans autres fards ni atours que le cours des saisons, le cycle immuable de l'éternel retour.
Divin viatique que l'ordre et la force ôtent hélas ! au promeneur, au marin, au montagnard, à l'enfant, à l'ouvrier, comme si d'en jouir relevait de l'infraction grave, méritait la coercition, la punition grevant lourdement le quotidien du labeur et d'une liberté toute relative, tant entamée.
Mais ne souillons pas la Nature et son propos. Poursuivons sur la voie de la beauté, de l'émoi, de la poésie des choses, des saines métamorphoses. Oublions-nous à la révélation pérenne et inextinguible que ces pans de vies mêlent à la croisée de l'essentiel et du Tout ? Tentons de participer, de procéder de l'harmonie retrouvée, humblement, en esquissant pas à pas ce que les éléments, le temps, les ciels et les eaux, la montagne accordent à l'existence passagère du nomade en quête de voie et d'eau pures.
Mais du temps au Temps que l'on redonne, de ces brins de sagesse que le serin et le rossignol clament dans les vieux bois, du chant des abeilles revenues qui travaillent aux miels ambrés, aux sucs d'abondance, de ces clartés d'aube, vers le couchant qui embrasent demain et l'espoir ! A toutes ces promesses de renaissances, aux vérités irréfragables de l'existence.
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L'ici-bas confiné, périclite, décline la tragédie. Les airs pourtant épargnés nous redonnent les camaïeux de l'azur, oeuvrent à la recomposition des grands espaces. Qu'en est-il des profondeurs marines, des rivages, des noces de la terre et de la mer ? Tant de semaines de solitudes extrêmes fuyant le jour d'avant les hommes se seront écoulées. Le plus grand des prédateurs, des pilleurs d'écrins et de joyaux authentiques aurait - il irrévocablement feint d'abdiquer.
Le front prosterné, devant l'infiniment petit viral, il s'acharne à sauver le dernier roi, quoiqu'il en coûte oscillant entre laïcisme et libéralisme exacerbés, décérébrés ... Les Ecritures, le Verbe en leur temps l'eussent tant redouté.
En ces lieux de complétude où l'être se ressource, des zoonoses ignobles tranchent et jurent sur le pari de l'infame contamination de masse. Leçons de choses adressées à l'encontre des pouvoirs de l'éphémère et de l'insane monnaie d'échange. Réclusion, érémitisme, égotisme, me diriez - vous ? Non, loin de moi l'affabulation aisée et le puissant médire des manipulateurs !
Demain serait-il, irait -il à l'irresponsable et folle semblance d'hier, de la révolution industrielle ? Serais-je encore et à nouveau de ce convoi que tire la Machine Infernale, vers l'enfer des enfers, à très grande vitesse, à sens unique, au diapason de la pensée des-gradée ( s ) qui la mènent tambours battants et qui dressent l'acteur d'un système rodé avec le poing
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- MARIN -
Nature - Propos Actuels
2 ème Ecriture le 20 Juin 2021
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