" Il est bon que je vous contraigne de bâtir, d'un voilier qui ira sur la mer, la coque, les ponts et la mâture, puis que dans un beau jour, comme un jour de mariage, je vous le fasse habiller de voiles et offrir à la mer. Alors le bruit de vos marteaux sera cantique, votre sueur et vos ahans seront ferveur. Et votre lancée du navire sera geste miraculeux car vous aurez fleuri les eaux "
Antoine de St-EXUPERY
Citadelle
Puis-je associer aux mots des phrases la clarté de l'acte et du geste ! Ainsi, de la renaissance à la Pensée. Immersion, à l'intime d'un espace - temps ponctué d'amers et de phares in-animés. Que ne m'oublie-je jamais assez lorsque de s'abandonner sans frein à quelques reflets de ciel, au plus près de l'au-delà ... L'énigme, lentement, tourne à l'éclaircie ; être aux Mondes, sans le jugement !
Mais de l'Eau-Delà, ce puissant philtre d'amour aux alcools rares. On y muse non loin des " Poètes maudits ". " L'absinthe fait encore couler l'acide " nous chante Noir Désir en interprétant " Aux sombres héros de la mer " ! Le monde aura depuis viré de bord, mis le cap sur la longue route du déclin spirituel, esthétique, éthique. Il n'en reste déjà plus que des scories enténébrant, asphyxiant l'ère pure du rêve et de l'imaginaire. Dérive de nous emballés par les rouages d'une Machine Infernale, guidée depuis l'univers des Tours Infernales
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Comment se décrire sans nourrir la dénégation, subir la relégation ? Le poème par définition n'en devient - il point plus rebelle ? Je ne suis que le pâle reflet de ce que j'aurais été, sans toutefois oser l'être ou le dire. Un tout autre en devenir, ailleurs, hors carcans et moules implacables qui tuent l'imprévu, la liberté... D'entre l'échec et l'improbable réussite, serais - je réellement ce je crois être, avoir été ? Caracole - t - on toujours sur un nuage ? Qui peut dire le vrai, le faux, les discerner et de là prétendre à la vérité ?
Me décrire ! Est-ce bien raisonnable ? Mais gageure, vues de l'esprit, dés - informations, pris dans le tourbillon glauque du système et de la Data, assisté par ordinateur, dominé par l'intelligence dite artificielle...
Atypique, de tous les maux, symptomatique ; tels sont jetés en pâtures les ingrédients d'un mal de terre qui m'interdit de " prendre la mer ". Que par Elle, je sois conduit, emmené, emporté là où l'on s'oublie un peu, où la chance joue avec le hasard et les nécessités de la sur-vie, de la volonté dépouillée de toute représentation et artifice.
C'est un peu comme le vaste livre de la vie dont l'issue demeure, imprévisible et certaine à la fois. L'habitude n'aurait alors plus cours. Quels plus beaux balcons que Mer-Océan, la migration des oiseaux, le chant et la poésie s'ouvrant à tant d'horizons ?
Sublimes polyphonies que cette Terre de Corse qui roule et qui tangue pareil au sidéral vaisseau de nos fictions,
telle une montagne d'univers que la Mer révèle dès l'aube, jusqu'au couchant embrasé de promesses.
J'y vois et pense une escale sertie de bleu ; que je m'y sente de passage, proche des mondes en péril.
C'est après une longue absence sur le réseau mondialisé et formaté que je reviens, un peu, de temps à autre, humblement présence, possible, dénouement.
Revoir quelques rivages, les partaer.
Mais rien n'est définitif comme le résultat. Tout ne serait
qu'intuitif. L'effort, quant à lui, demeure à toujours, modeste, passager. Il nous appartient de l'illuminer de bleu
- MARIN -
Il ne restera bientôt plus à l'espace - temps du jour que les premices de l'aube pour échapper aux morsures de l'été ! Rien n'aura donc changé, depuis le jour d'avant, la longue pause . On eût cru à la profonde métamorphose de l'ère moderne. Mais le tout, à nouveau s'emballe, s'affole, court et se précipite vers la voie sans issue, l'impasse, le mur. Et ce vaisseau dans l'espace qui prolonge le grand voyage, en orbite et, qui nous ramène inexorablement au temps des geôles, à la Traite, à la Shoah, aux génocides, à l'ignominie des guerres de tous les temps, aux pauvretés de la misère et des pandémies ! Funestes zoonoses dont nous sommes et participons à très grandes échelles. Que je sois comme on voit plus loin que l'horizon. Un tantinet poète, humblement marin, être aventureux que les vents et les flots emportent et mènent nulle part. Pèlerin visitant l'antichambre de l'Au-Delà, qui vient tardé, obstinément, dégager une à une les meurtrières du ciel. Ainsi de mon Eau-Delà, " Exil et Royaume "
!
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