UNE AILE DANS LE VENT !...
Mais il y a la mer _
Et qui l'épuisera ?
La mer qui nourrit
et toujours renouvelle
la sève précieuse
d'une pourpre infinie.
Eschyle. ( Agamemnon ) V. 959 - 960
Une aile dans le vent coudoie l'Eau-Delà ! Orpheline et qui vole et plane au-dessus des flots, sur les ciels, danse ... N'est-ce pas, déjà, s'éteindre un peu, quelque part s'oublier, s'extraire des contingences inexorablement basses. Toucher ainsi aux rivages des libertés souveraines, de la grande solitude qui semble en révéler la teneur et qui fidèlement oriente ?
Un Certain évoquait à tort le " naufrage de la vieillesse " ; soit ! Mais, sur la mer, en son choeur-océan inextinguible, là où le faix des ans se défait du corps - mort, largue les amarres, fuit la voie sans issue du dernier port ! Qu'importe le vaisseau, l'esquif, l'épave qui s'engrave quand ils animent l'estran de la destinée.
L'embrun fabule les nuées d'anges que la mémoire éternelle rappelle ! Fascination... Qu'il me porte aux nues de l'immarcessible jeunesse.
En guise d'épitaphe,
_ " Je récuse et refuse fermement l'entrave et le cloaque de la dernière geôle. Je lui préfère le silence des grands espaces, la gouaille des goélands, le murmure des vents forts où l'aimée, mon étoile, dispersera à la dérobée un petit amas de poussières. Que la noria des vagues l'emmène et la rapporte, en souvenir de tout ce qui fut et à nouveau sera. "
Ainsi de perdurer, dissout, plus léger, emporté, disséminé par le souffle de l'azur. Et de n'avoir jamais cessé de croiser de possibles rêves. De passage, entre deux dates, enchâssé malgré moi !
Quoiqu'il advienne, en cet intervalle que la durée détermine et circonscrit, aurais-je tracé le bon cap sachant que le journal d'une vie eut exclu tout virement de bord !
Je perçois des signaux. Des messages me parviennent de l'autre côté de l'être aux mondes tangibles que je demeure. J'éprouve un ensemble de manifestations étranges ; je ne les redoute point mais elles se montrent obstinément convaincantes.
Si la pensée est un fruit qui mûrit qu'en est-il vraiment de la matière douée de raison dont le cours asservi lentement se perd dans les arcanes de l'usure et de la déconvenue ?
Et de la volonté, au-delà du paraître et de la représentation éphémère, expression irréfragable de la liberté ? dois-je admettre qu'elle demeure assujettie à l'état de déshérence que le cumul des années ourdit irrévocablement tel un complot ?
N'y aurait-il donc plus aucune autre issue. La vie, l'existence perdraient - elles sitôt leurs probables possibles que la raison raisonnante enclot à jamais, au nom de la dictature du chiffre, du désordre établi au nom du plus fort, de la sélection impitoyable. In-co - naissance
?
- MARIN -
Alpha Lyrae
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