La Côte orientale d'une Île ; bancs de sable et vent de mer ... Laissons voguer les rêves, les souvenirs
!
J'ai dans les yeux, qui se reflètent indéfiniment, les rivages et les horizons du Sud Tunisien, de la Tripolitaine, les colonnades de Leptis Magna que la mer et l'azur délinéent encore, depuis les sables des Syrtes lointaines et des mythes fondamentaux. Allons, croisons, à la dérobée, les pas d'Enée.
Sourd une pensée nostalgique pour Hammamet et ses orangeraies parfumées où l'on cueillait dans l'arbre, près de l'oued asséché, des fruits gorgés de sucs qui ne sont hélas ! plus.
Aussi de ces bancs sables immuables et vagabonds que la frondaison sapide nous offrait au gré de la brise et de ses doux balancements de gondole. Qu'ils me ramènent à l'orée des souvenirs.
Albert Camus, Antoine de St-Exupery auraient certainement poussé au-delà de Tipasa, l'été, en renouant avec les noces de la Terre du Commun et de Terre des Hommes. Quels somptueux partages en aurions - nous faits, sans fin, reléguant dès lors les funestes travers de la cupidité et de la domination !
Les bancs de sable donnent au trait de côte une touche, une inclination amène et apaisante. Les vagues viennent se coucher et ne brisent plus, déroulent leur manteau d'écume dans un bruissement serein, perpétuel de vie ; vague unissonance d'un chant !
Les oiseaux marin et le pêcheur poursuivent leurs sobres desseins. La dune abrite depuis la nuit des temps les charrois des montagnes que les torrents convoient, ces nuées de bois flottés déposés pêle-mêle, selon les vents et les marées de forts coups de mer.
A chacun, à chacune son delta, son embouchure, son grau, ses songes qui vont et reviennent comme bancs de sables et champs des piroguiers, dunes et ergs du désert, congères et seracs des hauts glaciers.
Un tout harmonieux qui manquertait à l'appel des êtres confinés ! Soyons du voyage, du vol des oiseaux migrateurs, de la complétude fragile des grands espaces, de l'aventure et de l'extrême passion qui la sert sur un vélum de prose et de poésie.
Il n'est que le profit et l'égo qui travestissent pareils lieux, qui rompent à ces invitations au voyage, qui tarissent la source des rêves que l'enfance détourne un jour, dans l'espoir de la sauver, de ne pas en trahir le cours secret.
J'y glanerai à toujours ces conques et ces coquillages dont l'antre sibyllin réfugie le plain-accord de Mer-Océan. Qu'ils me soient une dernière fois apposés contre le refuge de l'âme.
Bercé d'infinis, je demeurerai ! Tels les merveilleux bancs de sable que chaque lunaison calligraphie tout en leur offrant les délires et les vertiges de nos jeux insensés
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- MARIN -
A la Recherche du Temps Perdu
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