Persée Monumental
Sculpture - Christophe CHARBONNEL - Musée d' ALERIA
" Le corps, la tendresse, la création, l'action, la noblesse humaine, reprendront alors leur place dans ce monde insensé. L'homme y retrouvera enfin le vin de l'absurde et le pain de l'indifférence dont il nourrit sa grandeur. "
Albert CAMUS
Le Mythe de Sisyphe / 1942 - Page 75
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J'écris. Le temps passe, le temps presse et la durée, chaque jour, distance le choeur hermétique des métamorphoses.
J'écris comme je pense et agis, sans le moindre doute à l'égard de ce qui fut et sera perpétué, hélas ! car non engendré.
Une courte escale sur Terre, de passage, qui me ramène à l'allégorie du marin hauturier, du solitaire allant de port en port, en quête d'océan, vivre les prémices et l'infinie transe des vastités. Au souffle qui perpétue et vague à l'âme !
J'écris, la voile libre, dans le dénuement des appareils, sans artifice, du tréfonds de l'être duel que je suis et demeure, et malgré tout, déjà nostalgique de l'être !
Ecrire, n'est-ce pas déjà voyager, sans frontière ni entrave, à l'orée de la liberté, un gage d'Amour et de partage ?
La prose et la poésie aidant, que s'ouvrent, plus loin que l'horizon, tous les possibles, l'au-delà des sens dans le respect de la vie ! Naître et renaître enfin aux mondes subliminaux et essentiels que l'on parcourt, depuis toujours, que l'on embrasse passionnément et retrouve, parfois.
Pérennelles moissons que je destine à desseins existen-ciels et non existentialistes. Guises d'infini et d'éternité que le mystère entretient et nourrit avant la révélation, avant le grand saut, la fulgurance de la transmigration d'une âme rendue à la mer.
Qu'il me faille dès lors comme depuis toujours consentir au trait d'union harmonique qui me lie au Tout, à l'étantité primitive et souveraine. Unique, ultime regard posé sur une fleur, une abeille, noctuelle d'un soir d'été.
Il m'attristerait de rompre au cours fluide de l'alliance, à la déférence que je dois à la vie, à la diversité unitive.
J'écris comme je m'extrais et m'absente d'un en-soi insaisissable, de ce " moi haïssable " que l'hypocrisie in fine consume. Fuir ainsi le prisonnier des mèmes sociétaux comme des vaines représentations, de l'éphémère présidant ou commandant impunément au vivant tutelaire !
J'écris par la voix sussurée des plus simples choses, par les champs ivres de métamorphoses qui d'en Haut échoient au Chemin de Vérité, au Message Retrouvé, à toute dénégation, rebelle aux marchands des Temples galvaudés, cupides et vaniteux.
Puis-je, en l'écriture, en l'extrême évasion, en l'échappée belle, puiser à la source claire d'un penser habité qui ferait Foi, à la nuit tombée, cette Nuit Obscure cailloutée d'étoiles et de petites " planètes aux quarante trois couchers de soleil " ? ...
Je n'écris jamais seul en mer de l'intranquillité. Que je gise ma destinée comme le disait un Certain, en me néantisant ainsi, avec humilité !
D'aucuns prétendent parvenir au vide sidéral de l'Un-Conscient ! Soit ... Que je me hâte, non de combler le besoin et la nécessité mais dans l'urgence,
de témoigner de l'entropie des temps modernes qui fait tant mal aux mondes.
On ne revient, on ne guérit jamais du mal des territoires conquis, des contrées dévastées, des peuples génocidés ; ainsi de la mort prématurée, ici-bas préméditée, qu'il importe de combattre, tel un absolu, victorieux temporaire de l'absurde, de la soumission. Au loin, humanisme et mystique, amour et liberté
!
- MARIN -
Catégorie / Site
" Mal de Terre Mal aux Mondes "
2 ème Ecriture le 29 Décembre 2022
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Joss