Un site se devine, que l'oyat au premier plan n'ose révéler comme par discrétion
Un après-midi de vent doux qui hâle le Sud et qui tourne au Sud-Est. Et cette mer obstinant un vert jade et quelques camaïeux bleu-tyrrhénéen. Profondeurs de champs que se partagent la terre des sables et des dunes, la lumière changeante des ciels automnaux.
La marque, la trace, l'empreinte des marées de tempête
Il n'est là, ici, que dunes et denses végétations, lagune et jonchaie. La présence de l'homme y est devenue fugace, comme effacée. Elle se confond aux distances d'un long cordon littoral. Les vagues errent vers quelques bancs de sable indéfiniment recomposés. Et si elles ne sont pas hautes, le site promet de belles floraisons pour les conditions houleuses et ventées.
L'esquisse des bancs de sables et leurs promesses
Parfums de " Sablière " équatoriale ! Comme un ressouvenir qui surgit de la grande enfance, là-bas, vers les rivages lointains du Gabon... Echos de Camargue que lagune et champs rehaussent en cette période de pluies abondantes et d'équinoxe tardive.
Que l'échappée en mer ne me voile ou ne m'ôte ces visions qui s'offrent au regard, à la penée, à l'écriture, telle une fresque impressionniste que le temps explore, à la recherche de l'unicité de l'instant, ressuscité !
Il m'est insupportable de côtoyer la laideur des bétons et des crépis qui jouxtent la mer et qui s'invitent à même le sable des dunes, le maquis détruit, arraché, le tuf du parking, les roues dans l'eau, cette route et cet asphalte qui auront coupé la plage en deux et qui la condamnent à disparaître ...
La relation à la mer, l'appel du large, le chant des azurs ne sauraient muser là où le désordre et le mépris auront imposé une loi insane se subtituant aux vérités de la Nature en beautés, rare, précieuse.
Présence
Je naviguais pour la deuxième fois sur ce vaste domaine marin que des hommes sages auront commué en Réserve intégrale.
Je reviendrai y contempler les Flamands et les grands migrateurs en partance pour l'Afrique, après une longue escale au pays des rivages lacustres, guises de mangroves ...
J'attendrai que les vents aussi basculent par le Nord des zones et renversent ; paraît-il que les vagues vont coifées de hautes mantilles enivrant oyats et jonchaies...
Qu'un soupçon, un brin de poésie flottent et dérivent entre les deux cornes d'un croissant de lune diurne, à l'ouvert des bras de la terre sablonneuse du Levant, du Grecale, du Sciroccu, de la Tramuntana.
Et de ne jamais revenir sur terre sans une moisson de tableaux à raconter le temps du rêve, ce temps - aborigène inextinguible, inaltérable, inépuisable, que les vents îliens façonnent à l'orée du désir et de la passion
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- MARIN -
A la Recherche du Temps Perdu
Quel jardinier parviendrait à pareille composition ? Le Peintre des couleurs et des Nuits aux Etoiles sublimées
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JOSS